Moi et les autres

Moi et les autres
Amanda Cley, Cecilia Ferri (ill.)
Traduit (italien) par Florence Camporesi et Laura Costa
Passe partout, 2023

Être ou ne pas être comme les autres ?

Par Anne-Marie Mercier

Amanda Cley nous propose une réflexion philosophique. C’est une interrogation sur la place de l’homme en société et les choix qu’un enfant doit faire : imiter les autres, voir à travers leurs yeux et faire ce qu’on lui dit pour être accepté par le groupe, pour être protégé, aimé ? ou bien refuser de trahir ce qu’il est, au risque d’être seul, en danger ?
Les illustrations transposent ces questions graphiquement, avec sensibilité. Les enfants sont montrés dans des décors schématiques, parfois minimaux et résumés à un fond blanc, parfois avec des teintes sombres : dans une classe, puis dans une foule, ou en petits groupes, ils portent des déguisements d’animaux. Quant aux adultes, ils sont de vrais loups malgré leur costume humain.
Le groupe, c’est la meute. L’enfant à qui s’adresse cette histoire rédigée en « tu » figure sur la couverture en costume de loup, comme le Max de Sendak mais avec une autre signification : le loup n’est plus le signe de la sauvagerie individuelle et de la libération des pulsions mais indique la soumission à la meute. Ce personnage se dépouille de cette apparence, pour devenir lui-même, seul mais heureux et en paix, et surtout totalement humain.
C’est une belle réflexion, subtile, portée par des images étranges et pourtant parlantes, une fable dans laquelle homme et animal ne font parfois qu’un.
On peut voir quelques unes de ces belles images sur le site de l’éditeur.

Ma mère des banquises

Ma mère des banquises
Didier Lévy – Illustrations de Tiziana Romanin
Les Editions des Eléphants 2023

3 semaines d’absence

Par Michel Driol

La maman de l’héroïne est partie étudier les ours polaires. Impossible de la joindre durant 3 semaines. Mais elle a laissé dans l’appartement une lettre par jour pour sa fillette qui, en échange, tient son journal pour évoquer cette absence, sa vie avec son père.

Evoquons d’abord  le côté très cinématographique des illustrations. Tout commence par un plan large, dans un aéroport, on la fillette et son père, de dos, voient un avion, derrière les verrières. Puis alternent les pages en couleur chaudes, dans l’appartement, ou parfois dans la rue, montrant la fillette et son père, avec un témoin muet, le chat. Des scènes quotidiennes, la vaisselle, le brossage de dents, le câlin pour montrer cette vie à deux. Alternent avec ces pages celles où on voit la mère, couleurs froides, paysages tourmentés de banquise, avec l’omniprésence des ours blancs, dessinés, photographiés. Ces illustrations opèrent un vrai travail de montage pour rendre encore plus sensible cette histoire de séparation, d’éloignement.

Ensuite le texte, celui du journal de la fillette, journal destiné à la mère. Elle évoque la situation qu’elle trouve douloureuse, à la fois fière de ce fait sa mère, et en même temps, désireuse de ne pas la voir s’éloigner ainsi. Des phrases simples, un vocabulaire d’enfant, pour dire ses sentiments et raconter  au quotidien le temps qui passe lentement, les routines, et la tendresse de la relation qui se noue avec son père. Le texte fait preuve de finesse et d’une grande sensibilité, sans aucune espèce de mièvrerie. La fillette montre en fait une grande maturité dans sa façon de vivre l’absence, de comprendre et d’accepter la passion de sa mère, de ne jamais lui en faire le reproche.

 Enfin, la situation. Ce n’est pas le père qui part explorer le monde, c’est la mère la scientifique, la voyageuse. Cela mérite d’être souligné, pour ce que cela dit aussi de la volonté d’émancipation que manifeste ici la littérature pour la jeunesse, en déconstruisant simplement les stéréotypes, pour rappeler que l’essentiel est dans la relation et dans l’amour, et que chacun peut vivre ses passions.

Un album tout en douceur pour évoquer la situation vécue par de nombreux enfants lorsque, pour des raisons professionnelles, un des parents est obligé de partir au loin.

J’adore les pirates

J’adore les pirates
Scerenelli Quarello, Maurizio A. C. Quarello
Sarbacane, 2023

Encyclopédie pirate

 

Par Anne-Marie Mercier

Qui sont les pirates ? et comment les distinguer (ou non) des flibustiers, les corsaires… Que mangent-ils ? que chantent-ils ? on saura tout grâce à ce documentaire : leurs pavillons, leurs bateaux, les lieux qu’ils fréquentent, les pirates célèbres…
On apprendra aussi du nouveau sur ce sujet, peu évoqué d’ordinaire : leurs liens avec le pouvoir royal, l’importance des femmes pirates… Une rubrique, à chaque double page, intitulée le « secret du pirate » livre de nombreux détails, des mystères, des histoires de trésors, de trahisons. Tout un monde de roman documenté.
Il reste que les aspects cruels, s’ils sont évoqués, ne sont pas mis en avant (voir le titre, un peu racoleur), ce qui permet de conserver le folklore tout en faisant croire au sérieux du document.

Poiravechiche

Poiravechiche
Jacqueline Held (comptines), Tina Mercie (ill.)
Grasset jeunesse (1973), 2023

Légumes, chiffres et villes

Par Anne-Marie Mercier

Le « concept éditorial » du livre est de François Ruy-Vidal, « un des grands noms de l’édition pour enfants ». Il l’a développé dans une collection créée chez  Grasset, « 3 pommes », « pour les enfants hauts comme trois pommes » ; cet album est l’un des premiers, autant dire qu’il a valeur patrimoniale. Au-delà de cet aspect historique, il a gardé son charme : on reconnait le graphisme souple des années 70 (ah les pochettes des disques des Beatles !), aimant les illusions et les volumes. On se réjouit de ses couleurs vives qui ont réveillé toute une palette de nuances longtemps mises de côté dans les publications pour la jeunesse : orangé, violet, rose, vert pomme…
Les comptines de Jacqueline Held, pionnière de la poésie pour enfants, sont simples et craquantes comme les légumes qui en font le sujet. Ils sont le sujet mais non le cœur, car le principal, c’est le langage et ses possibles :

Six radis
Trottant lundi
Sur la route de Paris
rencontrent un soulier gris.
Un gros rat s’en étonna :
« Radis, radis que m’a-tu dit ? »
Le gros rat rit.
Le radis dit :
« Le soulier gris, c’est mon ami.
Sur la route de Paris. »

Les autres poèmes (betterave, artichaut, poireau, chou, citrouille…, tous différents, sont tout aussi musicaux, surprenants, drôles (oh, l’oignon de Vancouver !) et inventifs ; les illustrations sont aussi belles que de belles planches de botanique. Voilà de quoi reposer la fourmi de dix-huit mètres de Desnos, épuisée d’avoir parcouru tant de classes !

Mon grand-père, ce robot

Mon Grand-Père, ce robot
Sabine Revillet
Éditions Théâtrales, jeunesse, 2022

Vive la (vraie) vie !

Par Anne-Marie Mercier

Que devient-on quand on est mort ? Comment faire revivre ceux qui ne sont plus? Quand Jacques, le grand-père d’Angie (9 ans) et de Jérémie (12 ans) meurt, ceux-ci hésitent entre espoir (Angie) et scepticisme (Jérémie). Angie veut croire en la réincarnation ; elle guette celle de son merveilleux grand-père : ce sera ce chat apparu le lendemain. Jérémy passe les croyances de sa sœur au crible du raisonnement et de l’expérience, ce qui produit des instants comiques.
Quant à leur mère, elle refuse d’accepter la mort de son père et décide d’acheter un robot qui l’imitera au mieux – tout en étant capable d’accomplir certaines tâches ménagères, autres instants comiques. Il faudra bien des grincements, quelques déraillements robotiques et déconvenues pour que chacun accepte le fait qu’une machine ne peut pas remplacer un être humain. Pourtant, ce robot-là est parfois vertigineusement humain, en particulier lorsqu’il s’interroge sur la notion d’attachement…
Entretemps, le fantôme de Jacques sera intervenu pour ramener sa famille sur la bonne voie et leur transmettre un dernier message… grâce au robot – fantômes et robots seraient complémentaires.
Cette réflexion sur l’humain et l’artificiel et sur le rôle des émotions s’inscrit dans ce qui commence à devenir une veine narrative de plus en plus courante en littérature générale et en cultures populaires : depuis les ouvrages d’Asimov, les robots ne cessent de nous faire poser des question sur notre humanité. Dans  Klara et le soleil, de Kazuo Ishiguro (prix Nobel de littérature) et la série Real humans  (en suédois Äkta Människor) de Lars Lundström, le robot nous tend un miroir redoutablement émouvant et inquiétant. Avec des scènes rapides et des dialogues enlevés, des temps de drôlerie et de chagrin entremêlés, cette pièce évoque le deuil tout en soulevant des questions contemporaines.

Voir le dossier de mise en scène par le théâtre des Lucioles.
Voir le carnet artistique et pédagogique proposé par les éditions théâtrales (classes de 6e).

Tout Zuza

Tout Zuza
Anaïs Vaugelade
L’école des loisirs, 2023

Le tout sur tout

Par Anne-Marie Mercier

Depuis 1998, Anaïs Vaugelade fait des Zuza, ou plutôt des albums de Zuza, mais c’est presque un concept : « Un » Zuza, autant dire une histoire de Zazou endossée par une toute petite fille : à table (« j’aime pas » – le diner s’en va bouder lui aussi ailleurs), dans son bain  (avec un crocodile), dans sa chambre (avec tous ses bébés, et un crocodile), ou encore : en voyage, faisant la fête, avec un nouvel ami, une nouvelle petite sœur, fêtant son anniversaire, pensive à l’école pendant que la maitresse parle…
Il y a un Zuza pour presque toutes les circonstances de la vie d’un enfant, ce n’est donc que justice que, après une anthologie de Zuza, L’école des loisirs republie tous les albums, moins nombreux que ceux de la série des petits cochons Quichons, certes.
Le format ramassé, presque carré, les couleurs acidulées, vives et variées, résistant comme Zuza à toute soumission à une quelconque obligation de réalisme ou de raison autre que celle de son bon vouloir, en font un bel objet séduisant.

Les Magni Freaks

Les Magni Freaks
Gaspard Flamant
Sarbacane (roman)

Comme des super héros de Marvel (en mieux)

Par Anne-Marie Mercier

Trois héros bien cabossés par la vie se retrouvent un peu par hasard et vivent des aventures entre Marseille, Aix et Lyon. Ils ont un point commun : chacun a un super-pouvoir. Squadro peut vivre sous l’eau et communique à distance à travers l’eau, Cheyenne est une passe-muraille, Liam peut voler. Chacun a un rapport différent à son pouvoir et l’a acquis dans des circonstances différentes, mais tous l’ont découvert au moment où, d’une manière ou d’une autre – mais toujours violemment –, ils sont devenus orphelins.
Ce cadre étant posé, on peut se dire que, un roman ne pouvant pas arriver à la hauteur de l’émerveillement des effets spéciaux des films de Marvel, à quoi bon en faire un roman ? Eh bien c’est une belle surprise : c’est un bon et un beau roman.
Tout d’abord parce qu’il est parfaitement écrit, composé, équilibré. Les dialogues sont justes, en langage très banlieue populaire pour Cheyenne, marseillaise à la famille bigarrée, en français approximatif pour Liam l’irlandais, en langage bizarre, italien ensemencé de Rap marseillais pour Squadro, l’homme poisson (comment il a découvert le rap, c’est aussi une belle invention !). Quant à la narration, elle est écrite dans une langue et un style riches, soignés, précis, souvent beaux, très justes.
Liam maitrise mal son pouvoir, découvert depuis peu, et cela donne lieu à de micro-épisodes comiques réussis. Cheyenne porte la dimension tragique du récit : elle cherche à venger son frère, assassiné au moment où il fouinait vers une usine de retraitement de déchets dont le propriétaire est le caïd du quartier. Tous sont redevables à ce criminel, et tout le monde le craint, à raison car il est lui aussi une autre espèce de monstre. Squadro, lui, met la préoccupation écologique au cœur du polar : il s’agit aussi bien de trouver et neutraliser l’assassin de Toufik que de punir l’homme qui salit les océans.
Rebondissements multiples, vision chaleureuse de la vie des quartiers urbains pauvres, sur le plan humain, mais désastreuse aussi, c’est une belle plongée dans un monde tantôt glauque tantôt lumineux, dans lequel les super héros font rêver à davantage de justice, comme des super héros de Marvel (en mieux).

C’est beau de mentir

C’est beau de mentir
Catherine Grive
Sarbacane (roman), 2023

Naissance dans un ascenseur

Par Anne-Marie Mercier

On peut être surpris par ce titre en forme de paradoxe. Mais Catherine Grive sait de quoi elle parle : elle creuse depuis quelques temps le sujet, soit directement, avec son album intitulé Le Mensonge (avec Frédérique Bertrand) paru aux éditions du Rouergue sous une couverture proche  – l’album a inspiré un spectacle qui sera créé en avril 2024 au théâtre de la Villette – soit indirectement, dans ses romans précédents, à travers les conséquences de mensonges ou de non-dits, notamment dans les familles.
Lucile (ou Hermione ?) va fêter ce jour-là ses quinze ans. L’appartement dans lequel elle invite ses amis (ou plutôt ceux qu’elle a souhaité afficher comme amis) n’est pas le sien, mais elle fait comme si : c’est plus beau que la petite chambre de bonne ou elle vit avec sa mère, et cela correspond mieux à la vie qu’elle s’est inventée pour être au niveau de ses camarades de lycée dans un quartier riche de Paris. Mais voilà, le destin veille et au milieu de ses préparatifs, elle se retrouve coincée dans l’ascenseur de l’immeuble (belle métaphore de l’ascenseur social dont elle rêve et qui jusqu’ici l’a, dans le réel, toujours fait descendre).
Elle est la narratrice du récit. Le temps de l’attente est long, cela lui permet de se remémorer ce qui l’a amenée à cette cascade de mensonges, à se gargariser de ses succès et se réjouir à l’avance de ce qui suivra, notamment avec le bel Octave qui l’émeut. Ce temps est d’autant plus long que la personne qui communique avec elle (on connaitra tout par la suite, il s’appelle Bertrand et semble ne rien avoir à cacher) prend son temps pour envoyer les secours. Bertrand lui parle pour la faire patienter et l’informer sur l’arrivée de l’équipe technique, mais plus encore pour tenter de la cerner et l’aider. Il semble avoir tout compris très vite et sans doute retarde sa libération tant qu’il ne la sent pas prête à affronter le réel. Cette voix au téléphone a des allures d’ange d’un film de Wim Wenders : humain, tellement humain qu’il en est surnaturel.
Les amis, réels ou fictifs, la mère, le père, la fée marraine, le chéri… les personnages secondaires sont attachants et divers. Grâce à eux et grâce à la voix de l’ascenseur, on assiste à la seconde naissance de Lucile, lucide cette fois. Ce beau roman parvient à ne pas condamner, juger, ridiculiser ses rêves : il fait d’abord rêver avec Lucile, dans des rêves convenus et formatés, parfois drôles : le mensonge c’est « une porte qui s’ouvre », comme la lecture. Puis, dans la seconde moitié il la conduit peu à peu vers des rêves plus personnels, plus difficiles aussi, d’autres portes à ouvrir, une aventure de vie assumée. Mais certaines resteront fermées à jamais : le mensonge a des conséquences aussi.
C’est un beau parcours de quête d’identité que Catherine Grive excelle à mettre en scène, comme dans Le bureau des objets perdus (2015) ; c’est  souvent « quand tout s’écroule autour de vous »  comme l’écrit Maryse Vuillermet à propos de La Plus Grande Chance de ma vie (2017) que tout s’éclaire.

 

 

Les 2 Loups

Les 2 Loups
Amalia Chevillot
Colophon 2023

Conte cherokee imprimé à la main

Par Michel Driol

Colophon, une maison d’édition pas comme les autres située à Grignan, revisite ce conte cherokee bien connu, en une version assez courte. Nous abritons deux loups, l’un incarne la joie et la compassion, le second la tristesse et la colère. Lequel va l’emporter ? Celui qu’on nourrit. Telle est la version habituelle de ce conte, mais ici, on trouve une fin un peu différente, également dans la tradition cherokee : Aucun ne l’emporte vraiment. Sachez les écouter et vous en nourrir.

Ce conte parle de façon imagée des émotions, des conflits intérieurs, des attitudes opposées que nous pouvons avoir. Nourrir l’un ou l’autre, c’est faire un choix, mais se nourrir des deux, c’est concilier des choses antagonistes, et être à l’écoute de soi. Belle leçon de sagesse !

La particularité de Colophon, c’est que tous les ouvrages y sont composés et imprimés à la main, entendons par là avec de vrais caractères en plomb, à l’ancienne. Quant aux illustrations, ce sont ici des linogravures signées d’Amalia Chevillot, bien sûr dans un pur noir et blanc (ou plutôt jaune, couleur du papier). Elles nous plongent dans un univers d’amérindiens, autour d’un feu de camp, dont la silhouette des flammes n’est pas sans évoquer les loups. Elles représentent aussi les deux loups, l’un lisse, l’autre hirsute.

Découvert cette année à la Fête du livre jeunesse de Saint Paul Trois Châteaux, Colophon mérite le respect pour sa façon de sauvegarder et de faire vivre toute la belle tradition humaniste de l’imprimerie.

Lilune

Lilune
Donatienne Ranc – illustrations d’Evelyne Mary
Colophon 2023

A la recherche d’une langue

Par Michel Driol

Lilune, ainsi nommée parce qu’elle est née un soir de pleine lune, ne pleure pas, mais ne parle pas non plus. A la place, elle fait danser ses mains. On pense qu’elle a donné sa langue au chat, ce qui incite ce dernier, Solal, à emmener Lilune à la recherche d’une langue. Sur la route, ils rencontrent un noisetier, un coquelicot, une truite, un coquillage qui chacun donnent quelque chose à Lilune. De retour à la maison, c’est une danse des mains et des doigts qui permet à Lilune et à ses parents de se parler.

Ce texte de Donatienne Ranc, comédienne, conteuse nous plonge dans un univers poétique par sa langue d’abord. Une langue imagée, rythmée, que l’on sent faite pour l’oralité avec ses reprises et sa prosodie. Par sa façon aussi de mêler le monde humain au monde naturel, par sa façon de donner vie aux arbres, aux animaux, aux plantes… Par sa façon enfin de raconter l’histoire d’une petite fille, comme dans de nombreux contes. C’est bien de conte merveilleux qu’il s’agit ici, pour une quête fondamentale, celle de la langue. De Lilune, on ne saura jamais si elle est muette. On saura juste sa façon de parler avec les mains, avec les doigts, dans une danse étonnante, comme une façon de parler à la fois de la différence mais aussi d’autres langages, langage du corps, langage des arts.

La particularité de Colophon, c’est que tous les ouvrages y sont composés et imprimés à la main, entendons par là avec de vrais caractères en plomb, à l’ancienne. Quant aux illustrations, ce sont deux linogravures signées d’Evelyne Mary, qui donnent vie aux éléments fondamentaux du récit, laissant toute la place au rêve et à la douceur.

Découvert cette année à la Fête du livre jeunesse de Saint Paul Trois Châteaux, Colophon mérite le respect pour sa façon de sauvegarder et de faire vivre toute la belle tradition humaniste de l’imprimerie..