Chasseur de fantômes (chronique des temps obscurs, t. 6)
Michelle Paver
Traduit (anglais) par Blandine Longre
Hachette, 2010
Aventures préhistoriques : un garçon, une fille, un loup
Par Anne-Marie Mercier
Pour la sixième fois (dernière, si l’on en croit la quatrième de couverture), Michelle Paver emmène son lecteur à la suite des aventures de Torak et de son ami le loup, dans la forêt de l’âge de Pierre.
Les aventures sont assez classiques : un personnage maléfique à combattre, le destin de l’humanité suspendu aux choix d’un jeune garçon (et d’une jeune fille, tout de même, sans parler du loup, il y en a pour tous !). Avec cela on ajoute une pincée de magie noire ou blanche, deux doigts de suspens et de nombreuses scènes de poursuite, et l’affaire est enlevée.
Les interrogations de Torak et de son amie Renn sur leur identité et leur avenir sont à la fois spécifiques au contexte et pourtant très transposables vers celles d’adolescents d’aujourd’hui. Sur le plan de la vraisemblance documentaire, la psychologie des personnages est donc assez peu crédible et c’est encore plus vrai pour les personnages animaux (Loup et sa petite famille). Mais cela ajoute à la fantaisie et la liberté du texte et correspond aux contradictions d’un roman pris entre le roman (pré)historique, le roman d’aventure et le roman d’initiation.
Le charme particulier du récit réside surtout dans les descriptions de l’hiver de la forêt, des préparatifs, des vêtements et de leurs matières et textures, des abris rencontrés (on y fabriquer beaucop de cabanes…). Une précision méticuleuse (soutenue par une traduction précise et élégante) fait voir et sentir ce monde du froid et la précarité des hommes des premiers temps, comme elle souligne leur proximité avec le monde naturel. Les animaux, réels ou inventé (belle idée d’un hibou diabolique), sont extrêmement présents et donnent à ce texte un autre ancrage sensible.