40 jours de nuit
Michelle Paver
Hachette, 2012
Refroidissant !
Par Maryse Vuillermet
Jack Miller, anglais, 37 ans, végète dans un emploi de secrétaire qu’il déteste. Il a étudié mais trop pauvre pour continuer, il ne peut que rêver de voyages, d’expéditions. Nous sommes à Londres en 37, des bruits de guerre lointains n’empêchent pas quatre jeunes gens fortunés et bien nés d’organiser une expédition dans le grand Nord en Arctique. Ils recherchent un télégraphiste pour les accompagner.
Il s’agira de réunir des données scientifiques sur le cap norvégien de Gruhuken, dans l’archipel du Spitzberg, non loin du Pôle Nord. Jack, bien que très méfiant à l’égard de ces jeunes aristocrates, Algie, Gus, Teddy et Hugo, est accepté. Ils embarquent tous sur le l’Isbjörn, un bateau commandé par le capitaine Eriksson à destination de leur lieu d’hivernage. Ils sont accompagnés de huit chiens de traîneau, d’armes, de munitions, de caisses de vivres et de lampes pour de longs mois. Pendant la traversée, le capitaine tente plusieurs fois de les mettre en garde contre le lieu qu’ils ont choisi, mais sans succès. Arrivés sur place, ils installent leur nouveau campement arctique.
Ils sont d’abord émerveillés par la beauté de ces étendues gelées. Rapidement, la routine des journées se met en place, interrompue parfois par de curieux petits incidents qui semblent imputables au hasard, à la solitude, au brouillard. Hugo les a quittés, pour raison de santé. Jack, malgré son courage et son dynamisme, sa rationalité aussi a l’impression que quelqu’un les épie. Il n’ose pas en parler aux deux autres. Et voilà qu’à son tour Gus tombe malade et doit partir se soigner en compagnie d’Angie. Jack est seul pour une période indéterminée et la nuit polaire commence à s’installer. Au fil du temps, des tempêtes, des mésaventures, et des incidents qui se multiplient, l’imagination de Jack s’emballe.
Seul avec ses chiens, sa radio et son appareil de télégraphe, avec lequel il communique encore un peu, Jack poursuit son journal dans lequel il décrit la progression de l’horreur, les tempêtes, la fuite des chiens, les apparitions, il se calfeutre à l’intérieur mais est obsédé par le poteau devant la fenêtre qui …se met à bouger..
Est-il en proie au Rag, cette fameuse crise de folie créée par l’obscurité de l’hiver arctique ou pire ? La progression assez subtile du cauchemar, de l’horreur rendent le récit très prenant et très effrayant. Le narrateur doute et fait douter son lecteur, jusqu’à la fin du récit, on n‘a pas de certitude sur la cause de ces événements.
Les lieux, l’atmosphère de trappeurs, de chiens de traîneau, l’amitié avec le husky, Isaak, rappellent l’univers de Jack London, mais l’angoisse savamment distillée et les frontières poreuses entre épouvante et folie font plutôt penser aux récits fantastiques, au Horla de Maupassant, par exemple.
En tout cas, ça fonctionne !
Je vais le mettre dans ma prochaine commande pour le CDI !