Les Trois Vies d’Antoine Anacharsis
Alex Cousseau
Rouergue, 2012
Edgar Poe, l’esclave, le pirate et la baleine
Par Anne-Marie Mercier
Il y a des livres-mondes, celui-ci en est un. Aventures, réflexions, poésie, tout y est. Ces trois vies pourraient être trois livres, tant elles offrent trois histoires différentes, si celles-ci n’étaient pas si étroitement imbriquées. Ces vies s’articulent autour de la quête d’un trésor, celui qu’aurait laissé le pirate La Buse, ancêtre du narrateur-héros. D’autres quêtes s’y ajoutent : quête de la liberté, quête des amis perdus, quête de l’écrivain Edgar Poe, lui même en quête d’inspiration…
Ces trois vies tissent l’histoire d’une naissance : naissance d’une conscience, à travers la superbe évocation de la vie intra utérine que forme la première vie, naissance d’une identité, qui commence avec un extraordinaire récit généalogique dans les mers du sud, une naissance fantastique qui donne à l’enfant un corps de poisson jusqu’à sa deuxième « naissance », et se poursuit avec plusieurs « baptêmes » (nominations, épreuves, rencontres…) et l’affirmation progressive de l’autonomie du héros (l’une des parties du livre se place dans le contexte de l’esclavage au sud des Etats-Unis, juste avant son abolition), celle d’une famille, celle du bonheur.
Superbement écrit, traversé par une foule d’autres histoires (celles de Poe, bien sûr mais aussi Moby Dick et d’autres classiques moins connus, comme les Voyages du jeune Anacharsis en Grèce (1788), qui donne lieu à un jeu à la Raymond Roussel), ce roman brasse bien des sujets, tout en restant un très beau roman d’aventures initiatiques.
Cet ouvrage fait partie de la liste de lectures conseillées pour les collégiens sur le site eduscol.
il n’en fallait pas plus pour me convaincre (évidemment)!
qu’est-ce qui te convainc, le mot pirate, le nom de la Buse, Moby Dick…
Mais c’est vrai, fortement conseillé (le côté pirate étant cependant anecdotique ici)