Histoire du loup qui dévorait des histoires
Anne Jonas, Brunella Baldi
Éditions de l’édune, 2015
L’origine de la violence et Le Chaperon rouge
« Dévorer » un livre, la formule est prise au pied de la lettre par Anne Jonas et Brunella Baldi : un loup, comme beaucoup de loups modernes, n’aime pas manger les bêtes et les gens, c’est donc un loup-gentil, ce qui est devenu assez banal. Première originalité, il se nourrit des histoires qu’il entend en guettant sous les fenêtres. Deuxième originalité : les auteurs poussent la logique jusqu’au bout : qu’arrive-t-il lorsque ce loup entend l’histoire du Chaperon rouge ? Le processus identificatoire jouera-t-il ? L’indignation devant l’injustice qui lui est faite le poussera-t-elle à changer d’attitude ?
On trouve de,multiples clins d’œil, aussi bien dans le texte que dans les images, à de nombreux contes. Mais on peut voir aussi dans cet album un conte étiologique qui imagine l’origine de toutes les histoires de loup, un « commencement » aux fictions qui font peur, à travers l’histoire de celui qui était » peut-être le premier loup ».
Fable philosophique, vertigineuse comme la question de savoir qui est premier, de l’œuf ou de la poule. La violence existe-t-elle pour le petit d’homme avant qu’on la lui raconte ? Les images, très expressives, offrent une vision biaisée par les émotions, entre réalisme et schématisme, accentuant les effets de peur et le mystère.