Ferme les yeux
Kate Banks, Georg Hallensleben
Gallimard Jeunesse, 2015 (1ère édition 2002)
« Trop » mignon
Par Christine Moulin
Pour s’endormir, il est sûrement plus efficace de compter les albums censés entraîner les enfants dans les bras de Morphée que les moutons! Ferme les yeux appartient à ce genre très fréquenté mais il mérite qu’on le fasse sortir du lot, ne serait-ce que grâce à ses illustrations: le petit tigre a une « bouille » extrêmement attendrissante. Mais le texte n’est pas en reste: fondé sur la répétition hypnotique, il glorifie d’abord la vie et ses merveilles, que le petit tigre ne veut pas cesser de voir en tombant dans le sommeil. Mais en même temps, à travers la voix de la maman, il chante la puissance des rêves qui exaltent et magnifient ces merveilles. Il fait aussi la revue des peurs qui peuvent empêcher d’accepter de dormir: la peur de tomber, de se perdre, la peur du noir, toutes désamorcées par la présence maternelle. Enfin, il fournit une explication subtile au refus de l’endormissement: si on rêve et que les rêves sont plus magnifiques les uns que les autres, il faudra se réveiller. La maman, tendrement, fournit la seule réponse qu’elle connaisse, la seule qui vaille pour un petit tigre: « Oui, mais je serai là. Alors, ferme les yeux, petit tigre ».
Cet album est tendre, émouvant et rassurant. Que demander de plus? Les petits humains y trouveront leur compte aussi.