Moi j’irai dans la lune, et autres innocentines
René de Obaldia, Emmanuelle Houdart
Grasset jeunesse, 201
Jardins d’enfants fous
Par Anne-Marie Mercier
Avec Obaldia, la poésie s’affranchit, et pourtant elle rime toujours. Les mots se tordent, les sens se multiplient, les syllabes se contractent et l’esprit d’enfance fait sa révolution. Le garçon et la fille de « Chez moi » rivalisent d’exagérations, l’enfant du « secret » court après des choses vues en rêve, la fillette de « J’ai trempé mon doigt dans la confiture » est excessive, Pétronille veut être un garçon, Zaza envie le zizi de son frère, « Antoinette et moi » rêvent de grandir pour être amants en vrai… On n’a donc pas que des histoires de confitures et de jeux ici, et quand il y en a, ça s’emballe sérieusement et les chevaux de bois ruent dans les brancards, tandis que les enfants mordeurs ne se laissent pas faire. Les dessins colorés d’Emmanuelle Houdart ont la cruauté et l’innocence qui sied.
Un texte déroule toutes les caractéristiques de la langue anglaise et des anglais (enfin, celles que le locuteur débutant imagine), un autre un voyage dans le lune, un autre le charme des départs en « Ouiquenne, un autre une Sologne rêvée…
Vivement mes dix ans
(Ah ! cogne mon cœur cogne !)
Vivement mes dix ans
Pour aller en Sologne
En Sologne la neige
Tombe jusqu’au mois d’août
On y chasse en cortège
On y chasse le loup
Des loups qui sont tout blancs
Mais avec des dents noires.
Leurs pattes de devant
Ecrivent des histoires. […]
Dans les forêts perdues
Quelque part en Sologne
Mon cœur déjà fendu
bat pour les autochtones.
[…]
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