The hate u give, la haine qu’on donne
Angie Thomas
Nathan, 2018
Comment réconcilier les communautés américaines noires et blanches ?
Par Maryse Vuillermet
Annoncé comme une révolution dans la littérature « un texte coup de poing, un auteur qui bouscule l’Amérique » ce roman déçoit forcément un peu.
C’est l’histoire de Starr, une jeune noire américaine de seize ans, qui vit dans un ghetto et va au lycée dans un quartier riche et blanc, parce que ses parents veulent lui donner une chance de faire de bonnes études et d’avoir un bon métier.
Elle est donc écartelée entre deux mondes, le monde des gangs, de la drogue, de la violence mais aussi de l’amitié, de la tendresse familiale, de l’entraide de quartier et celui des Blancs, riches, celui de son petit ami Chris qui l’aime passionnément et veut la comprendre mais ne la connait pas.
Elle jongle habilement avec ses deux identités, mais un événement va accélérer sa prise de conscience et l’obliger à unifier les facettes de sa personnalité. Son ami d’enfance Khalil est tué sous ses yeux par un policier blanc qui lui tire trois balles dans le dos. Elle est le seul témoin de ce crime, elle décide d’abord de se taire pour obéir à la loi du silence et se protéger des gangs tout puissants et aussi pour ne pas compromettre sa réputation de bonne élève au lycée. En effet, Khalil a été décrit par les médias comme un dealer dangereux. Son silence arrange la police qui cherche elle aussi à étouffer l’affaire.
Mais Starr aidée par certains, combattue par d’autres, va apprendre à surmonter son deuil, sa colère, sa honte, à faire la part des choses, à rapprocher les deux communautés et surtout à dire la vérité.
C’est donc un roman vivant, cash, comme disent les jeunes, riche de très nombreuses références à la culture black, musiques, raps, clips, modes vestimentaires, coiffures affro, codes sociaux, mais c’est loin d’être le chef d’œuvre annoncé, par exemple d’interminables parties de basket ou d’interminables soirées télé-pizza, certes, campent une Amérique d’aujourd’hui, mais ralentissent le rythme et sont d’une banalité à pleurer.