Samedi matin, Rue des Colibris
Julie Bouchard – Olivier Chéné
D’eux 2024
Vide grenier
Par Michel Driol
C’est jour de vide-grenier, ce samedi, rue des Colibris. On assiste à l’éveil de la rue, à l’installation des stands, à l’arrivée des chalands de 7h30 à 9h10.Lucas a rejoint Simon chez lui et tous deux, argent en poche, partent à la recherche de quelque chose, non sans avoir gratouillé le cou de Paul, le chien. Ils résistent aux tentations, billes ou capes de super héros, jusqu’à trouver un landau. Un landau pour promener Paul, le chien, devenu paralysé.
C’est un récit à chute : on se demande ce que les deux garçons recherchent obstinément parmi tous les objets nommés par le texte, et révélés par les illustrations. Deux garçons mus par une généreuse intention qui montrent bien leur amour pour le vieux chien, inscrivant ainsi l’album dans cette thématique du lien entre enfants et animaux. Mais l’album vaut aussi pour ses qualités narratives, sa façon de maintenir le suspense tout au long des pages, y compris au moment où Lucas annonce sa découverte. Je crois que j’en ai trouvé une... Une quoi ? se demande le lecteur, parmi tous les objets montrés par l’illustration. Puis on se pose la question de la destination de cet objet insolite, avant de tout comprendre. Avec rigueur, l’album fait alterner des doubles pages de plan général de la rue, qui permettent de faire avancer l’heure, avec des doubles pages où avance le récit. Les premières doubles-pages posent le cadre du récit : l’automne, au vu de la couleur des arbres, un quartier résidentiel de petits pavillons, quartier dont on va petit à petit découvrir l’ambiance conviviale. Ces doubles-pages s’enchainent avec une dynamique très cinématographique, d’abord des plongées, vues aériennes, qui se resserrent de plus en plus, puis on descend au ras du sol, dans des plans de plus en plus rapprochés sur les objets en vente, avant de repartir en plan plus large et de finir sur plan très large. Alternent avec ces doubles pages les pages qui assument le récit, un récit alerte, dialogué, écrit en phrases courtes à l’image de l’excitation des deux héros, de leur quête, phrases plus longues pour dire les doutes, les envies… Cerise sur la gâteau, à la fin du livre, un cherche et trouve invite à parcourir les stands – et les pages – pour y retrouver 9 objets typiques d’un vide grenier.
Un album qui donne envie de partir s’installer Rue des Colibris, pour tirer profit de l’ambiance chaleureuse de la rue, de la bonté et de générosité
la générosité qui semblent animer tous ses résidents, et qui culmine dans la joie retrouvée des deux amis et du chien en promenade.