Bertha et moi

Bertha et moi
Beatrice Alemagna
L’école des loisirs, 2024

De moi à moi

Par Anne-Marie Mercier

La narratrice, une petite fille, a fait une chute dans la rue. Elle se relève avec une vilaine plaie au genou qui la dégoute (un « film d’horreur », « un hamburger, mais pas mangeable »). La croûte change de couleur et d’aspect, mais ne tombe pas. Elle l’accompagne partout, y compris à la campagne chez ses grands-parents.
Bertha, c’est elle, c’est la croûte : la fillette lui a donné ce nom. Dès qu’elle a un nom, la croûte prend la parole, d’abord pour protester contre ce vilain nom, un nom de « mémère », dit-elle ; elle aurait référé Bella ou Perline… La fillette qui s’ennuie à la campagne s’en fait une confidente, elle lui confie ses secrets, son désir d’avoir un chien, jusqu’au jour où la croûte (pardon, Bertha) tombe. La fillette l’enterre au milieu des coquelicots. Elle se demande parfois où sont « les choses qui s’en vont ».
Ce thème avait déjà été en partie traité dans l’album qui porte ce titre. Beatrice Alemagna creuse ici le sujet en l’étalant dans la durée, en faisant même de la durée l’un des sujets. La question du temps, du souvenir, de ce qui reste est suggérée, mais rien ne pèse. Quand, à la fin, la fillette annonce qu’elle a enfin un chien et qu’il s’appelle Perline, on voit combien son besoin d’avoir quelqu’un à qui se confier a duré. Bertha était sans doute une étape nécessaire.
Les images sont comme toujours superbes. Les pastels gras rendent éclatante la rousseur de l’enfant, celle de la croûte, des coquelicots, du chien Perline… et les verts de la campagne. Les scènes chez les grands parents ont aussi une grande et belle présence.

 

 

Les Choses qui s’en vont

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