Pierre lapin copié/copie

La Nouvelle Aventure de Pierre lapin
Emma Thompson, illustrations de Eleanor Taylor
Traduction (anglais) de Jean-François Ménard
Gallimard jeunesse, 2012

Pierre lapin petit facteur
Traduction (anglais) de Vanessa Rubio-Barreau
Gallimard jeunesse, 2012

Lapin à vendre : du plagiat et de Beatrix Potter

Par Anne-Marie Mercier

nouvelleaventurepierrelapinQuand les acteurs ou autres vedettes du monde du spectacle se mettent à écrire pour les enfants, le résultat est rarement concluant. Dans La Nouvelle Aventure de Pierre lapin, le dessin imite le style de Beatrix Potter, la sobriété du texte et la simplicité de l’histoire sont proches de celles de ses histoires, tout cela est fort mignon, mais cela reste une imitation assez pâle.

Autre imitation et même imitation d’imitation, avec Pierre lapin petit facteur qui reprend (sans nom d’auteur !) le principe des  classiques que sont devenus les albums Pierrelapinpetitfacteurd’Allan et Janet Ahlberg : Le gentil facteur ou lettres à des gens célèbres (Jolly Postman, 1987) et Le facteur du Père Noël (1991). Comme dans ces ouvrages, on trouve à l’intérieur de l’album des enveloppes avec des fac simile de lettres, documents divers. Ici, les découvertes sont liées par une intrigue simple (simplette ?) mais efficace : Le jeune Pierre lapin envoyé faire des courses par sa mère découvre que le renard Tod qui a invité la cane à dîner veut facteur 1la manger. Comme les albums précédents, qui ont servi lieu à de nombreux travaux en CE1, cette nouvelle version qui propose non seulement des lettres mais d’autres documents variés (des « écrits sociaux »), Pierre lapin petit facteur devrait plaire à un large public en profitant de l’image des albums de B Potter et de l’affection que l’on a pour Peter Rabbit (qui dispose d’un « site officiel » facteur2100%commercial…).

Paris. Petit Pop up panoramique

Paris. Petit Pop up panoramique
Sarah McMenemy
Casterman, 2012

Voir Paris…

par Anne-Marie Mercier

Traduction d’un ouvrage édité en anglais par Walker Books, imprimé en Chine, ce petit pop up offre une vision hyper touristique de Paris, la ville étant conçue comme une collection de monuments « à voir », disséminés dans un espace inexistant ou du moins très théorique : les vélos, vespas et piétons peuplent les rues davantage que les rares voitures, lesquelles ont des allures d’années 50 acidulées. C’est donc un Paris mythique d’aquarelle qui se déplie dans ce tout petit format, exceptionnel pour un pop up.

Cela dit, c’est une bonne introduction pour un jeune enfant à qui on montrerait la ville ; certains détails indispensables pour cet âge amateur de précisions seront précieux : la tour Eiffel fait 324 m et accueille 7 millions de visiteurs/an ; le sarcophage de Napoléon est en porphyre rouge ; Toulouse Lautrec et Modigliani ont fréquenté Montmartre, la flamme du soldat inconnu est ravivée chaque soir sous l’Arc de triomphe…

Sade Up

Sade Up
Franck Secka, Philippe Huger (ingénierie papier)

Rouergue, 2011

La pensée Pop Up

par Anne-Marie Mercier

sadeUp.gifDisons-le d’emblée, même si la précaution peut sembler inutile vu le titre : cet album n’est pas pour les enfants, ni pour les âmes sensibles.  Pourtant c’est un Pop up, et il en déploie toutes les ressources : constructions qui se déploient en relief, rabats permettant de multiples permutations, tirettes dévoilant ou découpant des objets et des corps, roues faisant défiler les possibles…

Il ne s’agit pas d’illustrer une œuvre particulière de Sade mais de proposer dans chaque double page une petite scène de théâtre à sa manière. On y trouve de nombreux pastiches : une fausse Chapelle Sixtine, des tableaux revisités, des montages de peintures, gravures, photographies colorisés… L’objet est superbe et dérangeant.

Quant au propos, il a le mérite de faire réfléchir à ce que crée un pop up. Ainsi, ce qui, dans le domaine de l’enfance, sert le jeu, la curiosité et l’exploration de la limite des possibles peut être détourné (mais est-ce un détournement ?) vers d’autres domaines. Que ceci soit appliqué à une œuvre qui semble à beaucoup totalement étrangère au monde de l’enfance ne peut que faire réfléchir au désir de voir, commun à l’enfant et au personnage sadien. Dévoiler ce qui se passe dans la chambre des parents, ou sous les vêtements du grand duc, mettre en pièce des petits poissons… tout cela dira quelque chose aux spécialistes de l’enfance ; pour les rares spécialistes de Sade qui fréquenteraient ce site, ils méditeront également les propos de la préface de Michel Surya : il s’agit de « mettre la pensée elle-même en représentation, une représentation à laquelle c’est la machine qui commande ou à laquelle on commande par la machine » belle définition du pop up.

 

Bruit blanc

Bruit blanc
David A. Carter
Gallimard jeunesse, 2010

L’Art du Pop Up

Par Anne-Marie Mercier

Bruit blanc.gifSous une couverture cartonnée sobre, rouge, couverte en partie par des découpes blanches de carton ondulé, se cache une explosion de couleurs et  de formes. Ce livre est un Pop up tout à fait particulier et maîtrisé, l’art du Pop Up.

Au lieu de raconter une histoire et de proposer des constructions reconnaissables et plus ou moins réalistes, il joue librement sur les formes, les couleurs… et les sons. Car Bruit blanc est un livre qui émet des sons, non pas de ces vilains bruits enregistrés qu’on trouve ici ou là (du type « appuyez sur la touche », et voici un bruit de vache ou de moteur), mais de vrais bruits émis par des matériaux claqués, frottés, dépliés, ceux que font des languettes de papier lorsqu’on tourne des pages, actionne des leviers de carton, gratte des calques…

Chaque ouverture de page fait naître une structure proche du mobile de Calder par sa justesse et son côté aérien ou de la sculpture de Tinguely par sa fantaisie et ses couleurs. Sur les fonds monochromes de couleurs primaires ou blancs ou noirs s’élèvent des architectures dans lesquelles on reconnaît (ou croit reconnaître ?) des structures multicolores (toujours des couleurs primaires, ou noir et blanc), comme ici un chevalet, là une lettre… ou des formes de cônes, de cylindres… ou des empilements joyeux et aériens, des bulles d’arc en ciel. Au dos de l’album, une dédicace à Kerouac et Monk ouvre sur d’autres arts et y ajoute le nom de Massahiro Chatani, créateur d’« origamic architectures » (http://www.evermore.com/oa/exit.php3).

Un sommet de l’art du Pop Up.

On trouve sur le site de D. A. Carter toute une série de ressources pour créer ses propres pop up, de l’élément papier à imprimer et découper, au film indiquant la méthode de collage et de fabrication : http://www.popupbooks.com/surprise.html

Monstres et Dragons

Monstres et Dragons
Matthiew Reinhart, Robert Sabuda

Seuil 2011

pop-up monstre !

Par Anne-Marie Mercier

Monstres et Dragons.gifL’édition française de ce pop-up justement qualifié de « spectaculaire » en quatrième de couverture a été rapide puisqu’il a été publié la même année en Grande-Bretagne, et c’est tant mieux. On a rarement vu un pop-up aussi généreux, à tous points de vue : l’inventivité des montages la variété des papiers, l’humour, la présence d’images annexes dans les marges, cachés sous des rabats et enfin la quantité  et la qualité des textes.
Le livre convoque plusieurs mythologies, européennes ou asiatiques, anciennes et modernes. Dans ses pages sages au format carré, il propose de frémir devant le surgissement du calmar géant, l’éveil du vampire, le saut du yéti, et de réfléchir aux origines des croyances et à leur impact sur les civilisations. Ainsi, à propos du Dragon, se côtoient une légende, une réflexion sur le kung-fu et une évocation des fêtes du nouvel an chinois.

New York en pyjamarama

New York en pyjamarama
Michaël Leblond, Frédérique Bertrand
Rouergue, 2011

Images magiques

Par Anne-Marie Mercier

 New York en pyjamarama.gifUn livre gris… et magique !

Un enfant en pyjama se couche et rêve de New York ; il s’y promène comme on vole. Il y a un peu de la Cuisine de nuit de Maurice Sendak, à ceci près que le pyjama reste en place… Avec l’enfant, on s’émerveille devant la foule, les gratte-ciel, le trafic, le vent dans les arbres, les lumières. Et aussi à ceci près que rien n’est statique. Tout bouge : les lumières clignotent, les roues tournent, les voitures circulent, les gens passent et les feuilles volètent.

Tout cela, grâce à la grille rayée (comme le pyjama!) que l’on peut passer devant les images pour les faire s’animer: une merveille d’astuce graphique (l’ombro-cinéma), sans batterie, sans souris, qui illustre un pouvoir inattendu – et pourtant ancien – du livre.

Le prochain ouvrage de la collection, Luna Park en pyjamarama sera certainement décoiffant !

démonstration sur You tube :