Chevaleresse

Chevaleresse
François Goupil
Sarbacane, 2024

Du travail pour garçons et filles

Par Anne-Marie Mercier

Le titre semble annoncer un album relatant des aventures et le parcours d’empowerment d’une jeune fille devenue chevalier(e), mais c’est en réalité un livre jeu.
Ce grand et bel album surprend tout d’abord par son esthétique proche des tapisseries médiévales dites « millefleurs », au fond surchargé de motifs minuscules représentant des végétaux ou animaux.
Ce n’est pas sa seule originalité : les jeux y sont multiples : c’est à la fois un « cherche et trouve » (du type où est Charlie), avec plusieurs catégories de recherches (repérages, intrus, appariements, retrouvailles, parcours labyrinthiques…) et d’objets à trouver dans la même page, une mini encyclopédie de la vie au temps des chevaliers, et bien sûr une bien légère revendication féministe, un peu facile, par son titre. C’est joli et plein d’humour et d’irrévérence, de la culotte du roi à son cheval à cinq pattes.

Les défis sont multiples, il est difficile de les réussir tous, mais ils sont si nombreux que tout le monde, petit ou grand (et fille ou garçon, bien sûr !), peut s’y retrouver ou, mieux, s’y perdre.

Vivre la ville

Vivre la ville
Pauline Ferrand
Grasset jeunesse, 2024

Ville en jeu

Par Anne-Marie Mercier

Vivre la ville met son projet en action : en dépliant ce leporello, court mais dense, on entre dans le mouvement : carrefours, immeubles, devantures de magasins, terrasses de bistrots, fenêtres ouvertes d’immeubles ou de voitures, autobus, vélos, piétons de tous âges, animaux… La ville, tout en étant plate, en se contentant de trois couleurs peu urbaines sur fond blanc, est vivante et peuplée.

Vous pouvez l’animer encore plus en prenant l’une des nombreuses propositions énoncées par des cartons ajourés qui permettent d’isoler un détail : ainsi, une histoire commence, une réflexion s’amorce sur nos manières de vivre ensemble (ou non), un moment de poésie plane. Le tout est de trouver le bon emplacement, même si plusieurs sont possibles.

A vous de jouer !

Mon Grand-Père

Mon Grand-Père
Anthony Browne
Kaléidoscope, 2024

Un amour de toutes les couleurs

Par Anne-Marie Mercier

Anthony Browne complète sa galerie de portraits de famille. Après les fameux Mon Papa, Ma Maman, Mon frère, Notre fille… voici le grand-père, ou plutôt les grands-pères. En effet, chaque double page propose un type de grand-père : jeune ou vieux, gros ou maigre, sportif ou contemplatif… chacun a un rôle particulier auprès de son petit-fils ou de sa petite fille, représenté/e sur fond blanc en page de gauche (on peut jouer à trouver des ressemblances intergénérationnelles ou vestimentaires).
Sur la page de droite, un portrait très coloré, à fond perdu, avec le style caractéristique de Browne, comportant des motifs, des imprimés étonnants ou des échelles fantaisistes (un très grand chat, un petit grand-père). L’un joue, l’autre lit, un autre écoute… L’un est d’origine africaine, un autre d’origine asiatique, européenne, etc.  La dernière double page célèbre le point le plus important, l’amour qui unit l’homme âgé et l’enfant et affirme une belle confiance : « je sais qu’il m’aimera toujours ».

Monsieur le lapin blanc

Monsieur le lapin blanc
Benjamin Lacombe
Margot, 2024

Lapin vedette

Par Anne-Marie Mercier

Le lapin blanc d’Alice au pays des merveilles est sans doute le personnage secondaire le plus réutilisé de cette histoire (il y a aussi Madame le lapin blanc, le superbe album de Gilles Bachelet). Et on a vu récemment que les lapins étaient très bien représentés en littérature pour enfants. Benjamin Lacombe le prend au berceau (et même avant, in utero) pour développer sa caractéristique carollienne (il est toujours en retard) et son avenir social (il deviendra la majordome de la terrible reine de cœur).
Dans un grand format presque carré, ses aventures malheureuses se déploient largement, couvrant parfois des doubles pages à fond perdu dans des océans de vert, de bleu, de rouge : en retard en naissant, en retard à l’école… jusqu’au happy end : c’est son retard qui lui donnera son emploi et lui permettra de développer ses talents de fantaisiste.
Une fin qui lui fait rencontrer son alter ego inversé, toujours en avance, arrive de manière inattendue et pas très nécessaire. Ils adoptent ensemble plein de petits lapins sans toit et reconstruisent pour les abriter la maison détruite par Alice. Tout cela est un peu trop sage sans doute pour l’univers d’Alice.

Occupé !

Occupé !
Joëlle Écormier, Claire de Gastold
Seuil jeunesse (Le grand bain), 2024

« Je peux pas, j’ai solfège… »

Par Anne-Marie Mercier

La fin du premier trimestre scolaire approche, et avec elle l’échéance de bien des parents qui ont fait promettre à leur enfant de se tenir à l’activité à laquelle ils les ont inscrits au moins jusqu’aux vacances. Ce livre sera-t-il pour eux ou pour leur enfant rebelle?
Lundi, solfège. Le narrateur traverse le parc pour s’y rendre et rencontre les Triplettes, un garçon et deux filles, qui lui proposent de jouer au ballon avec eux, tout simplement. Mais il ne peut pas : il a solfège.
Le lendemain, natation, il fait grève en s’enfermant dans les toilettes (d’où l’autre sens du titre), pareil pour les cours qu’il aime bien. Impossible d’expliquer aux parents ce qui se passe. Mais le médecin qu’on l’envoie consulter lui révèle un passage secret à travers le petit réduit au fond du jardin de sa maison. Il l’emprunte avec son chat et plusieurs voyages lui font retrouver ses amis dans le bois, ne pas les trouver, s’y endormir et rêver… Il découvre un monde magique lié à la nature et vit une vie parallèle faite de petits bonheurs et de grands mystères : le serpent rouge qu’ils ont tracé avec des fleurs existe-t-il, pour avoir les pouvoirs que les Triplettes lui accordent ? Un dessin ou un poème peut-il influer sur la réalité ? La tentation de rester toujours dans ce monde le happe de plus en plus…
La collection « Le grand bain » est une jolie surprise : avec l’idée de faciliter la lecture pour les lecteurs de 8 ans et plus, elle joue sur plusieurs tableaux : de belles images, nombreuses et colorées, une jaquette qui se déplie en affiche, une typographie claire et aérée, et, dit-on dans la présentation, des « récits forts ».
Mon premier essai s’avère très concluant ; c’est un sujet fort que celui de la surcharge d’activités prévues dans l’emploi du temps des enfants, et il est bien traité, sans ton moralisateur, à travers un récit prenant et étrange.

Dark Glory

Dark Glory
Thibault Vermot
Sarbacane, X’, 2024

Conte de Grimm à Hollywood, ou « quand la peur sort des livres »

Par Anne-Marie Mercier

Thibault Vermot avait montré dans un roman précédent (La Route froide) qu’il était très fort pour fabriquer des scènes inquiétantes avec pour décor l’Ouest ou le Nord sauvage. Ici, il en fait à nouveau la démonstration de manière originale. C’est tout d’abord un récit enchâssé dans une histoire a priori banale : en 1949, à Durango, un groupe d’adolescents de douze ans se retrouve tous les dimanches dans leur « cabane ». Il y a le raconteur, Michael, son petit frère de 6 ans Calvin, George, Don, Durham et Suzy, seule fille de la bande. Et puis il y a un volume des contes de Grimm qui semble traîner là par hasard :  George l’a emprunté à la bibliothèque ; on comprendra plus tard que c’est important car ce volume revient à plusieurs reprises. Michael raconte une histoire de chercheurs d’or devenus anthropophages à faire dresser les cheveux sur la tête.
Au chapitre suivant, on est en 1955, Suzy est partie faire des études à Denver, Don a eu un enfant, George est policier et Michael qui rêve de devenir scénariste part pour Hollywood. L’histoire suit son cours et on pense être confortablement installé dans un récit de formation qui au passage nous ferait découvrir les « métiers du cinéma ». Michael devient coursier puis à force de ténacité et de culot devient l’ami d’une actrice, puis scénariste à l’essai. Il y a une scène « explicite » dont Michael ne sait pas s’il l’a rêvée après un quasi coma éthylique – très improbable : on se demande si la présence de scènes de ce type ne fait pas partie maintenant du cahier des charges de la collection, ce qui serait assez drôle : Anastasie [nom de la censure], faut pas énerver les éditeurs !
J’abrège : le scenario est plein de rebondissements, de scènes tragi-comiques, de poursuites et de suspense. L’alternance avec le récit de Michael hanté par l’anthropophagie se poursuit, faisant monter l’inquiétude. Elle est remplacée par des chapitres qui montrent George, enquêtant sur la disparition d’une enfant de huit ans, retrouvant son vélo, sa robe jaune et un livre de contes qu’elle avait emprunté à la bibliothèque, le même volume qu’au premier chapitre. Ceci rappelle à George et aux habitants un cas non élucidé : l’enlèvement d’un enfant, cinq ans plus tôt au même endroit (j’essaie de ne pas trop divulgâcher mais je vais en dire sans doute un peu trop…).
D’autres chapitres mettent en scène le petit garçon qui a échappé au monstre de justesse après des horreurs dont il ne se souvient pas, mais boiteux et avec un doigt en moins. Depuis, il ne dort plus et la figure du monstre mangeur d’enfants plane sur la ville, le temps de 1949 et de l’enfance insouciante est loin, un temps « ou la peur n’était pas encore sortie des livres ». On voit cet enfant qui tente de conjurer sa peur entrer dans la bibliothèque. Il y est attiré par une musique : quelqu’un joue au piano, au sous-sol (il n’y a jamais eu de piano à la bibliothèque lui confirme la bibliothécaire, un peu inquiète) une musique qu’il n’identifiera que plus tard : les Kindertotenlieder (chants pour les enfants morts)…  George enquête avec l’aide de Suzy, Michael, alerté par sa mère affolée est route pour Durango, avec son nouvel ami coursier, tandis qu’un enfant semble bien être en train de se jeter dans la gueule du loup.
Comme un bon feuilletoniste, Thibault Vermot nous laisse au milieu du gué. C’est risqué de sa part : les fils sont si multiples que le lecteur pourrait bien se perdre au deuxième volume après avoir oublié ceux du premier. Mais cette incursion dans le monde du cinéma est drôle et dynamique et son autre versant, l’univers des contes plein de mangeurs d’enfants entrelacé avec le plus noir de la réalité, est particulièrement intéressant. Le rappel des raisons de la fureur d’Alma Mahler au moment où son mari composait cette œuvre, également. Quand George, qui est devenu policier à cause d’une histoire entendue quand il était enfant, retrouve le livre perdu par la fillette, celui-ci s’ouvre par hasard sur le conte de « La Sage Elsie » : « l’histoire ressemblait vraiment à ce qui était en train de se passer. Est-ce que le réel engendre les histoires ? Est-ce que les histoires sont capables d’engendrer une sorte de réel ? » (À suivre !)

Perce-neige, un conte de Noël

Perce-neige, un conte de Noël
Grégoire Solotareff, Emmanuel Lecaye
L’école des loisirs, 2024

Joyeux Noël !

Par Anne-Marie Mercier

Oh le beau cadeau que nous font les Éditions de l’école des loisirs ! Cela ressemble à un vieux livre d’étrennes, avec sa couverture en fort carton, toilé de rouge et estampé de lettres et de motifs dorés, mais c’est tout neuf et signé d’auteurs bien vivants, dignes représentant de la dynastie Lecaye (Olga la mère, Nadja, Alexis et Grégoire les enfants, et d’autres encore donc).
C’est aussi un vrai conte de noël, avec le père Noël, un traineau, des lutins… Mais comme on est chez les Solotareff – Lecaye, ça déraille : le Père Noël a des frères. Ils sont tous plutôt sévères. Et puis il y a un homme en rouge qui rôde et veut prendre le pouvoir (on rejoue ici l’histoire de Lucifer, disciple en révolte contre le maitre) : Noël risque de ne pas avoir lieu cette année, ni plus jamais… après l’empoisonnement des frères Noël, le vol du traîneau par l’homme en rouge, la révolte et la fuite des lutins, et surtout à cause ce qui les a motivés : le renvoi cruel par les frères de la jeune orpheline réfugiée chez l’un des leurs.
Les nombreuses péripéties et la complexité de l’histoire sont éclaircies par les superbes dessins et les peintures en pleines pages où les rouges flamboient et les bleus sont profonds comme une nuit polaire. Brrr !

Adia Kelbara à l’académie des chamans

Adia Kelbara à l’académie des chamans
Isi Hendrix
Traduit (anglais, USA) par Rosalind Elland-Goldsmith
Seuil, 2024

Parcours laborieux

Par Anne-Marie Mercier

Comme c’est souvent le cas, cette série qui évoque les aventures d’un/e apprenti/e sorcier/e passe par bien des clichés. La jeune héroïne est orpheline. Elle est élevée par un oncle et une tante peu compréhensifs qui l’exploitent et l’empêchent de choisir son propre destin. Elle finit par leur échapper, moitié par ruse, moitié par rage, déployant des pouvoirs destructeurs qu’elle ne se connaissait pas et qui l’effraient. Elle se croit alors maudite, habitée par des pouvoirs monstrueux. Partie en apprentissage comme cuisinière à l’école des sorciers, elle cherche quelqu’un qui pourra la guérir.
Les traits d’originalité commencent là : les scènes en cuisines sont intéressantes, l’école est un organisme vivant qui souffre ; elle cache bien des secrets, notamment une bibliothèque où personne ne va (sauf Adia) ; les apprentis chamans ne sont que des enfants de la haute société sans aucun talent ; enfin, le jeune empereur qui va venir visiter l’école est parait-il possédé par un démon ancien que l’on croyait vaincu définitivement. Un sort, à la manière de celui de Cassandre, fait que toute personne qui le dénoncera ne sera jamais crue et déchainera la violence de tous, y compris de ses proches.
Adia souffre du mépris des élèves et se réfugie dans la bibliothèque où, un jour, elle surprend une conversation qui lui révèle le secret de l’empereur. Elle est peu après renvoyée de l’école et c’est dans sa fuite honteuse qu’elle retrouve la déesse venue combattre le vrai démon, une jeune fille qui deviendra son amie, un soldat maladroit qui voudrait bien l’être, etc.
Il y a de l’imagination, un univers cohérent et de belles trouvailles mais c’est malheureusement écrit de façon très lourde. De plus, tout est explicité et l’on a l’impression de lire avec une voix off qui nous explique en continu qui pense quoi et quand et pourquoi. Le récit, malgré toutes ses péripéties se traine et l’on a hâte de voir tous les pouvoirs d’Adia se révéler enfin à cette héroïne décidément un peu simplette pour tourner définitivement la page (mais, il y aura deux autres volumes pour les amateurs).

Détectives Grébor, de père en fille

Détectives Grébor, de père en fille
Yves Grevet et Carole Trébor, Benjamin Chaud

Little Urban, septembre 2024

Enquête dans les années 1980

Par Lidia Filippini

Au début de l’été 1984, l’agence du détective Grébor est au plus mal. L’enquêteur, qui vit seul avec sa fille, a bien du mal à boucler les fins de mois. Heureusement, un coup de fil du célèbre chanteur Franky François va relancer ses affaires. Franky a peur. Quelqu’un s’est introduit chez lui et semble en vouloir à Chantal, sa tortue domestique. Cette enquête dans le milieu du show-business exige la plus grande discrétion. Les suspects sont nombreux et Grébor joue de malchance. Heureusement, il peut compter sur sa fille Ombeline pour le seconder. Aidée de ses amis Karima, Rébecca et Luc, la jeune collégienne va de surprise en surprise jusqu’à découvrir le pot aux roses.
Après leur mémorable collaboration au cours du projet U4, Carole Trébor et Yves Grevet proposent ici un court roman policier écrit à quatre mains sur le mode de l’humour. L’enquête un peu loufoque du détective Grébor (dont le nom est un mélange de celui des deux auteurs) permettra aux plus jeunes de découvrir les invariants du genre (suspects variés, rebondissements, retournement de situation à la fin) sans croiser la moindre goutte de sang.
L’originalité du roman tient sans doute au fait qu’il se déroule dans une époque méconnue des jeunes lecteurs, celle de la naissance – ou peut-être de l’enfance – de leurs parents. L’histoire se passe en effet dans les années 1980. Elle a pour ambition de faire découvrir cette décennie aux plus jeunes – et sans doute aussi de séduire les adultes qui achètent le livre, mais c’est de bonne guerre. La couverture cartonnée sur fond argent évoque un hologramme. On y découvre les deux Grébor. Le père, vêtu d’une chemise à fleurs, porte les cheveux longs. Il semble avoir du mal à sortir de la mode hippie. La fille, elle, pure enfant des années 80, arbore un bandana rouge noué autour du cou, des Converses et un walkman. Tout au long du livre, les illustrations de Benjamin Chaud (qui avait neuf ans en 1984) mettent en lumière des jeux des eighties : un rubik’s cube, des lunettes à obturateurs, des patins à roulettes, autant d’objets probablement inconnus des jeunes lecteurs, mais qui éveilleront de nombreux souvenirs chez leurs parents. À la fin du roman, un glossaire revient sur des termes spécifiques ou des célébrités que les enfants pourraient ne pas connaître : Antenne 2, Columbo, Starsky et Hutch, les cartes Panini… Un roman à lire avec son enfant pour partager avec lui/elle ses propres souvenirs d’enfance.

 

 

 

 

Alma, t. 3 : La liberté

Alma, t. 3 : La liberté
Timothée de Fombelle
Gallimard jeunesse, 2024

Du rose dans le noir

Par Anne-Marie Mercier

Arrivé au dernier volume de sa trilogie, Timothée de Fombelle s’est trouvé devant des choix difficiles : en effet, comment faire pour réunir des personnages dispersés entre France et Amérique, les uns captifs ou même esclaves, d’autres coincés par diverses obligations, d’autres encore sans ressources, blessés… Comment faire aussi pour qu’ils se retrouvent, cachés parfois sous des noms d’emprunt ?
Le récit va, tambour battant, se pliant à la marche de l’histoire (Révolution française, prise de la Bastille, journées d’octobre, fuite à Varennes etc., insurrection à Saint Domingue, exploits de Toussaint Louverture, abolition de l’esclavage, commencée à Paris mais effective par les armes aux Antilles…). De nombreux personnages fictifs ou « historiques » interviennent mais on retrouve toujours le sinistre Saint-Ange, cupide et sans scrupules mais  amoureux comme d’autres de la belle Amélie, Joseph Mars, à la poursuite d’un trésor, oubliant parfois que le vrai trésor est l’amour qu’il éprouve pour l’indomptable Alma; elle a toujours son arc et son cheval, le cheval Brouillard, présent dès les premières pages de la trilogie, qui galope avec eux jusqu’au dénouement… tout cela fait un merveilleux roman d’aventures où la quête de la vengeance, de l’amour et de la fortune s’entremêlent pour s’effacer devant le bien suprême, la liberté.
Mais malgré tout, il demeure un malaise : tout finit bien, du moins pour les personnages principaux : ils se retrouvent pour couler enfin des jours heureux. Un roman qui a pour toile de fond l’esclavage peut-il finir bien à ce point ? Cette lecture laisse au lecteur assez informé pour être réticent face aux invraisemblances un sentiment de malaise. Il aurait fallu quelques séquelles, sacrifier quelques personnages, et un peu (beaucoup ?) du futur possible pour que tout cela ne finisse pas en conte de fées.