Le doudou de la maîtresse
Julie Clélaurin, Marie Quentrec
Seuil, 2012
Doudous, fusion, confusions
Par Dominique Perrin
Cet album pour tout petits reprend le thème indémodable de l’attachement au doudou en lui associant une plaisante dimension tactile : la maîtresse évoquée dans le titre demande à ses tout jeunes élèves de présenter leur doudou, ce qui permet aux lecteurs de découvrir différentes agréables textures. Cela permet aussi, et c’est appréciable, une forme d’humour quant à la diversité des objets d’élection et des goûts qu’ils suggèrent. Mais pourquoi – se demande le lecteur adulte échaudé par le sexisme de moins en moins rampant de l’époque – trois enfants locuteurs sur quatre sont-ils des garçons, alors que le groupe représenté au départ comprend une majorité de filles ? Comment se fait-il que ces très jeunes enfants, qui semblent évoluer dans une crèche plutôt que dans une école, vouvoient leur maîtresse ? Et, lorsque les enfants lui retournent sa question, la maîtresse n’use-t-elle pas d’un facile effet de connivence en assimilant le jeune homme qui l’attend chaque soir à la sortie de l’école au doudou des petits ? Ecrire pour les tout petits dispenserait-il d’une exigence globale de justesse ?