L’Ourson qui aimait prendre son temps
Geoffrey Hayes
Flammarion Jeunesse 2024
Carpe diem
Par Michel Driol
Quoi de mieux que la 4ème de couverture pour présenter cet album, dont la première édition date de 1976, mais seulement traduit en français : Il y a des moments où Ourson aime prendre son temps pour se perdre dans ses pensées, regarder le vent souffler sur la cime des arbres et faire voler son cerf-volant. L’album nous fait suivre la longue déambulation d’Ourson dans un décor plutôt campagnard, où il se livre à diverses activités solitaires, chantonner, écouter le silence, parler avec la rivière avant de revenir se blottir dans son lit douillet.
Ourson est le cousin proche de ces personnages d’Arnold Lobel, personnages solitaires, à l’écoute de leurs sensations et du monde qui les entoure. Petit ours en peluche très humanisé par ses vêtements Ourson se promène dans un univers aux couleurs délavées, vert, brun et blanc. S’y succèdent un hiver enneigé, un été lumineux, une forêt profonde et un village hospitalier, le dehors et le dedans de la maison. Comme un petit instant poétique, chaque page est un éloge du temps qui passe, qu’il faut saisir, et de la solitude, dont il ne faut pas avoir peur. Ourson est bien vivant, pris entre des attitudes opposées, jouir de l’instant présent, ou, en plein été, se souvenir des matins brumeux, ou bien encore se réfugier dans sa cachette secrète ou explorer le monde. Autant d’attitudes qui montrent une compréhension fine de l’enfance, une observation attentive des attitudes enfantines. Avec tendresse, douceur et justesse, cet album renverra chacun à son désir de solitude et l’incitera à se sentir en harmonie avec le monde qui l’entoure. C’est une citation d’Erasme qui ouvre l’album : Celui qui connait l’art de vivre avec soi-même ignore l’ennui. C’est bien une leçon de bonheur simple, à la portée de toutes et tous, que nous donne Ourson.
Un feel-good album délicat qui propose une série de fragments poétiques et se veut autant un éloge de la contemplation que de la solitude. Une façon de s’inscrire dans l’univers et de profiter pleinement du temps qui passe.