La Fille et le cheval blanc
Chun-Liang Yeh – Illustrations Minji Lee-Diebold
HongFei
Aux origines de la soie en Chine
Par Michel Driol
Une jeune orpheline, bien imprudente, promet à son magnifique cheval blanc de l’épouser s’il lui ramène de la guerre son père vivant. Ce que fait le cheval. Mais la jeune fille ne tient pas promesse…
Chun-Liang Yeh adapte un conte étiologique du IVème siècle, où se mêlent l’amour (de la fille pour son père, du cheval pour l’héroïne) et la mort – (mort du cheval, mort de la jeune fille). Mais la peau du cheval et la jeune fille s’unissent pour se métamorphoser en un cocon, d’où nait le premier fil de soie. Le récit, écrit dans une langue volontairement très sobre, touchera les jeunes lecteurs : promesse absurde et transgressée, réaction quasi humaine du cheval, qui attend sa récompense, violence de la fille dans sa façon de se moquer de la dépouille du cheval jusqu’à ce que la punition terrible s’abatte sur elle, punition qui semble venir de la nature elle-même.
Les illustrations – de superbes broderies aux couleurs vives – évoquent souvent la Chine traditionnelle, mais savent aussi la transcender en étant parfois très proches de Chagall, dans les couleurs, ou dans la représentation de personnages du conte.
A la fin du livre, un petit dossier documentaire évoque les origines de la soie, et sa place dans le monde. On y explique en particulier les idéogrammes « fil » et « soie ».
Au delà d’un récit merveilleux sur les origines de la soie, ce conte cruel aborde, comme tous les contes traditionnels, la question des valeurs morales et du sens de la parole donnée et ouvre au lecteur un vaste champ d’interprétation et de rêve.