Trop de dinos, c’est combien ?
Lou Peacock, Nicola Slater
Flammarion Père Castor, 2024
Du miel pour faire passer le vinaigre
Par Anne-Marie Mercier
Le nombre des albums sur les dinosaures augmente sans cesse, mais ils nous apportent pourtant toujours de jolies surprises. On pourrait dire que c’est trop facile de flatter le goût étonnant des enfants pour ces grosses bêtes. Leur avantage, c’est qu’elles remplacent avantageusement le loup : ça fait peur mais on peut dire sans mentir « il n’y en a plus en France » (décidément les boomers ont eu toutes les chances : pas de réseaux dits « sociaux » et des loups relégués dans les Apennins, ou les Carpates lointaines…). Surtout, cela permet de faire comprendre des leçons pas toujours flatteuses pour les enfants : du miel pour faire passer le vinaigre. Les capricieux sont repris par Trop nul, les exigeants par Trop de dinos.
Un enfant obligé de jouer seul ou de lire pour ne pas s’ennuyer au parc a un jour un dinosaure (« Un jour, j’ai eu un dinosaure », c’est la première phrase du texte) ; il s’amuse follement sur la balançoire du parc avec lui. Mais les jeux à deux finissent par être lassants, il faudrait un deuxième dinosaure puis un troisième, et à quatre c’est encore mieux, etc., jusqu’à dix.
A dix, c’est compliqué… ces grosses bêtes de toutes les couleurs et de toutes les formes ont un côté exubérant de Maximonstres : on les voit engloutir des tonnes de gaufrettes, piquer la trottinette de l’enfant, prendre toute la place dans son lit, tout casser, comme le monstre de Grosse Colère. Il finit par décider que c’est trop et les chasser, pour se rendre compte que c’est triste d’être seul…
Les images simples sont éclatantes de couleur ; le grand sourire de l’enfant, placé au centre de cette joyeuse bande, ne s’estompe qu’au niveau de dix pour revenir en dernière page avec la fin heureuse (et le retour du premier dinosaure).
Moralité : il ne faut pas vouloir toujours plus. Mais aussi on peut apprendre ainsi à compter jusqu’à dix.