Je voudr@is que tu…

Je voudr@is que tu…
Frank Andriat
Grasset, 2011

Le Tour du Net par une enfant

Par Christine Moulin

42369Certes, il faut mettre les jeunes en garde contre les dangers de la Toile: c’est ce que fait ce livre rapide à lire où l’on voit une adolescente, Salomé, se laisser séduire virtuellement par un certain Michaël. Coralie, une de ses amies sur le « chat d’or », dépasse les limites et en subit les tragiques conséquences. Mais refaire, à propos des nouvelles technologies, les erreurs d’antan, est forcément contreproductif. Prendre le prétexte d’une fiction pour délivrer une leçon de morale, caricaturale, qui plus est, ce n’était déjà pas très folichon du temps de Madame Bruno. C’est assez vain, voire irritant, aujourd’hui. D’autant plus irritant que l’on peut soupçonner le texte d’une certaine démagogie. Est-il nécessaire, pour plaire aux lecteurs, d’écrire : « Cette prof est un véritable doigt d’honneur au bonheur? », de propager le poncif de la prof de français qui dégoûte de la littérature et qui empêche d’écrire (1)? Pourtant, ce roman aurait pu être une incitation à l’écriture, grâce à la vocation de son héroïne, qui veut devenir écrivain, et grâce à ses diverses formes de narration, le journal intime de Salomé, les conversations « in real life » entre ados, quelques textos et le chat – écrit « correctement », précise Salomé: oui, mais justement, ce chat paraît très artificiel et ne se distingue guère du journal. L’écriture est uniformément ordinaire (transcrire telle quelle la langue des jeunes, ou du moins, celle qu’on leur attribue, ce n’est pas en rendre compte). Une occasion manquée.

(1) Frank Andriat est pourtant prof de français lui-même et il a écrit plusieurs livres sur son métier, dont Les profs au feu, l’école au milieu.

Le Jeu des sept cailloux

Le Jeu des sept cailloux
Dominique Sampiero

Illustré par Zaü
Grasset jeunesse (lampe de poche), 2010


Un refuge aux réfugiés

par Anne-Marie Mercier

 Un tout petit livre en apparence, mais un récit lourd comme les sept cailloux. Nous suivons Larissa qui erre dans les rues de Rouen et semble parler seule. À son enfant à naître, elle raconte la vie d’avant, en Tchétchénie : son enfance comment elle a rencontré son mari, la guerre, les hommes comme des loups.

La vie depuis : l’exil en France, à la recherche d’un toit, de papiers et d’espoir, est évoqué sans pathos mais avec précision. Cette histoire est une histoire vraie, comme beaucoup d’autres. Elle a été publiée avec une postface du Collectif solidarité antiraciste et pour l’égalité des droits et par le Réseau Education Sans Frontières de Rouen et des environs.

Le texte, porté par une belle écriture, est sobre  et pudique. Il évoque aussi bien la vie de tous les jours que les pires moments. Il s’attache aussi à de petites choses, des coutumes, des plats, un jeu. Les illustrations montrent les souvenirs du pays en encadré et la marche de Larissa en pleine page, les uns en tonalités de vert, l’autre en ocre. Dominent les images du visage et des bottes de Larisa qui cherche un lieu où s’arrêter, si proche et si lointaine.