C’est chez moi !

C’est chez moi !
Aurore Petit
La Martinière Jeunesse 2020

Un imagier pop-up pour visiter la terre

Par Michel Driol

Sur chaque page, qui associe un milieu naturel et un animal, revient comme un refrain « C’est chez moi, dit… ». On parcourt ainsi 5 lieux différents, de la montagne au désert, en passant par la banquise ou la forêt. Arrive enfin l’homme dans la ville. Et c’est la terre qui conclut l’album avec un « C’est chez nous ».

Conçu comme un imagier destiné à sensibiliser les plus jeunes sur la notion de milieu naturel, d’écologie et de préservation de la nature, l’ouvrage présente des pop-ups astucieux dans lesquels les animaux se cachent comme le loup, ou le scorpion (bien tapi sous ses lamelles de papier figurant le sable du désert). Il ne cherche pas à figurer le monde de manière réaliste, mais propose plutôt des formes géométriques, épurées et presque abstraites, façon peut-être de rapprocher l’habitat humain dans la ville très rectangulaire des habitats animaux. Seule la terre, figurée comme un visage rond, sympathique et souriant, échappe à ce système.

Un imagier animé pour découvrir quelques milieux naturel et avoir envie d’en savoir plus sur les animaux sauvages évoqués.

 

 

 

Colorissimots !

Colorissimots !
Elisabeth Brami et Jean-François Van Campo

Thierry Magnier, 2011

Plein les yeux !

par Sophie Genin

imagier,photos,élisabeth brami,sophie geninLa couverture de cet imagier qui propose plus de 600 photos très colorées attire d’abord, que l’on soit petit ou grand. Ensuite, on ouvre et on découvre tout un monde de couleurs et de mots mêlés (comme l’indique bien le titre de l’ouvrage). Enfin, on relève des petites perles telles que « coussins confortables sur cubes » ou « mouettes muettes faisant la moue » ou bien encore « quelques queues/queue-leu-leu/que de queues ».

Pour comprendre vraiment cette page, il faut aller voir de près les photos qui font comme des sourires liés aux termes associés choisis. Les images, photos dont l’auteur, très prometteur, est publié pour la première fois sont souvent étonnantes, surprenantes et originales. De plus, les deux univers se lient avec réussite : les allitérations, saturations de sons, associées aux photos, font un très beau voyage en forme d’arc-en-ciel.

Ce livre haut en couleurs donne envie de découvrir le monde et tel est l’objectif d’un imagier. Qui plus est, celui-ci est souriant et poétique comme le montre ce dernier exemple, comme mise en bouche : « zinnia et bourdon zozonnant » et « zolie théière zébrée ».

Plastique des sensations

Couleurs à sensation
Isabelle Gil

Rouergue, 2010, coll. Yapasphoto

 Plastique des sensations 

Par Dominique Perrin

CouleurSensation.gifCouleurs à sensation est un petit livre intégralement dédié à l’image et aux « cinq sens ». Il est, d’abord, tout couleur, avec un bonheur puissamment contrasté de double page en double page. On s’aperçoit ensuite qu’il est tout jeu abstrait de formes et de structures : les couleurs si proches, et mêmes communes, de la barbe à papa ( ?) et de l’éponge ( ??) ou de la mie de pain ( ???) dessinent pourtant des univers d’une absorbante différence. De l’équation des couleurs et des formes résulte de façon directe l’évocation du goût et du toucher, et parfois de l’odeur. Tentons de dire la dynamique, et certes non la fin de ce voyage d’exploration photographique :  il apparait enfin aussi que c’est tout simplement, tous yeux et peau dehors, de lumières que nous entretiennent ces images.

Un imagier  susceptible de former l’intérêt pour un certain cinéma, que les enjeux plastiques du cadre, de l’éclairage, et du coup du plan continueraient d’intéresser autant que les scénarios préétablis ?

Pour grandir, il faut

Pour grandir, il faut
Catherine Grive, Jean-François Spricigo
Rouergue, 2010, coll. Yapasphoto

Comment présenter un livre tout neuf, qui semble là très au-delà des conditions de son apparition – à l’image des êtres auxquels il s’adresse, et de ceux qu’il montre ? 

Par Dominique Perrin

PourGrandir.gif Pour grandir, il faut est de ces entreprises qui prétendent – et démontrent – que la photographie noir et blanc a une vocation sans égale à rendre compte de la situation de l’humain entre le commun et le particulier, le collectif et l’individuel. Les images s’y insèrent dans une lignée artistique associable au nom de Doisneau. Mais (car il y a sans doute un « mais » concernant cette référence très partagée et sa fraîcheur parfois perdue) leur association avec un  texte aussi choisi que laconique donne à l’ensemble un statut comme réinventé de poème et de récit.

Ce récit met en image, comme l’indique la présentation finale, des « étapes de l’enfance » (perspective un peu solennelle), mais délicieusement improvisées, fugaces, graves et  pas sérieuses. Les mots portés ici sous le regard, la langue et les oreilles sont les immenses vocables qui, pour référer à la substance réelle de « tous les jours », sont loin d’être prononcés journellement. « Manger », « se laver », « jouer », « courir » sont certes le quotidien verbal des jeunes lecteurs ; mais « naître », « s’éveiller », « contempler » ? et, en construction absolue, « manger » (être un être mangeant), « rester », « hésiter », « attendre » (être un être en suspens), « aimer » (être un être aimant) ?
La dernière page ouvre sur une photo un peu floue et le verbe : « S’imaginer ».

Pomelo et les contraires

Pomelo et les contraires
Ramona Badescu et Benjamin Chaud

Albin Michel Jeunesse, 2011

 

Un éléphant rose vivant sous un pissenlit pour discuter philo

par Sophie Genin

9782226219923.gifRamona Badescu et Benjamin Chaud (après un album solo l’an dernier, délicieux et drôle : Adieu Chaussette) reviennent avec leur petit éléphant rose. Il avait grandi dans le dernier opus (Pomelo grandit) et, cette fois-ci, ce n’est pas une histoire (quoique !) mais un imagier des contraires. Sauf que les heureux « parents » du petit héros rose sont égaux à eux-mêmes : après avoir envisagé des concepts classiques du genre (fermé/ouvert, noir/blanc, près/loin…), ils abordent des sujets plus délicats (convexe/concave, mort/vivant, éphémère/éternel, bien/mal…) puis « partent en vrille » (stalactite/stalagmite, gastéropode/cucurbitacée, et le mieux : en veux-tu ? en voilà !).
Le tout est servi avec brio : faire comprendre de tels concepts n’était pas aisé et ils y parviennent parfaitement grâce à l’univers de Pomelo (le jardin, son ami l’escargot, la vieille tortue sage mais aussi les fraises et les pomme de terre personnifiées). Encore un grand moment de littérature avec Pomelo !
Si vous n’êtes pas convaincus, ouvrez vite cet album à la page « dur/mou » et « flou/net » car, même dans un imagier, l’auteur et l’illustrateur nous racontent une histoire efficace, brève et drôle !

C’est comme ça chez moi

C’est comme ça chez moi
Martine Laffon et Fabienne Burckel

Thierry Magnier, 2009

On a perdu l’ouistiti…

par Christine Moulin

martine laffon, fabienne burckel, thierry magnier, imagier, christine moulin, moisIdée originale : ce sont les mois de l’année les héros de cet album. Personnifiés, ils font des niches au narrateur, en lui cachant ses jouets que le jeune lecteur doit s’amuser à retrouver dans l’illustration. Ce qui n’est pas si facile : les détails sont nombreux et les jouets n’apparaissent jamais en entier. D’ailleurs, je cherche encore le « vieux ouistiti »…  Il semblerait que la couleur du mot indiquant le mois soit un indice : par exemple, « mai » est écrit en bleu et on peut découvrir l’avion dans un cadre bleu ; « juillet » est en rouge et le ballon est sous un tiroir rouge. Bon, d’accord, si ma théorie est  juste, l’ouistiti devrait se trouver sur le couvre-lit rose puisque « avril » est écrit en rose. Mais bernique… pas d’ouistiti ! A cela s’ajoutent des clins d’œil, telle l’affiche (à la page de l’ouistiti, justement) qui annonce une exposition de l’illustratrice ! Le texte, lui, est fondé sur des assonances qui font songer à une comptine anglaise. On retrouve un peu le plaisir des imagiers : reconnaître dans les images très réalistes des fragments de vie quotidienne. Finalement, voilà un album qui sait se faire apprécier au fil des (re)lectures.

Tout autour de moi

Tout autour de moi
Claude Perrin
Rue du Monde, 2010

par Frédérique Mattès

Un grand imagier carré (27 x 27 cm) pour permettre aux plus petits de découvrir ce qui les entoure. De courts textes qui mettent l’enfant lecteur au centre du monde. Chaque phrase reprend la maxime : « autour de moi ».  « La ville tourne autour de moi et le lampadaire m’éclaire », « Autour de moi, c’est le pays du sable … et de mon petit arrosoir ». Les enfants se reconnaîtront dans les situations de la vie quotidienne, le bain, le repas, le jeu dans le jardin, l’heure du coucher … Les images colorées et foisonnantes peuvent se lire dans tous les sens. Un album à se faire lire mais aussi à explorer tout seul. Un voyage dans le quotidien mais aussi dans l’imaginaire, à lire et a relire, chaque nouvelle lecture permettant de découvrir de nouveaux détails.