Adalia la petite coccinelle

Adalia la petite coccinelle
Martine Bourre
Didier jeunesse, 2023

Une coccinelle découvre le monde…

Par Anne-Marie Mercier

Le titre de cet album révèle sa double nature : il s’agit tout d’abord de l’histoire d’une petite coccinelle. Le personnage est le reflet du jeune lecteur ;  il découvre le monde, interroge sur les notions (que veut dire rouge, quel est cet étrange animal, etc.) et incarne un être qui grandit : la coccinelle, jaune à sa naissance, part à la recherche d’une fleur sur laquelle elle attendra d’acquérir sa couleur rouge définitive.
Ensuite, on découvre que Adalia Bipunctata est le nom savant de la coccinelle à deux points et l’historiette se rapproche du documentaire : on y rencontre le balanin qui pond ses œufs dans les noisettes, le papillon Belle-Dame, une chenille velue, une sauterelle, et l’on atterrit dans un tournesol…
C’est une jolie promenade dans une prairie d’été, instructive, par une illustratrice bien connue en littérature pour la jeunesse.

Rosie

Rosie
Gaëtan Dorémus
Rouergue, 2020

Où est ma maman ?

Par Anne-Marie Mercier

L’argument de ce très bel album pourrait sembler mince, puisqu’il tient à un fil : celui qu’une petite araignée cherche désespérément.
En fait il est lourd de sens, puisqu’au bout de ce fil, à la fin de l’album, on découvre la mère de Rosie qui s’exclame à l’avant dernière double page « Ma fille ! », en écho aux « où est mon fil ? » répétés de page en page par Rosie.  Ce jeu sur les mots rend la métaphore de la fil-iation bien claire pour tous et rattache cet album à tous ceux, bien connus, où l’on voit un petit chercher sa maman (et parfois son père), avec de l’originalité en plus : un insecte, et encore plus une araignée comme héroïne, ce n’est pas courant. Les arachnophobes n’ont rien à craindre d’ailleurs : Rosie est très mignonne ; c’est une petite boule rose aux grands yeux étonnés (où perle, à la fin, une larme) et aux pattes en bâtonnets qui la font ressembler à une boule hérissée d’épingles.
L’autre mérite de cet album tient à la dynamique des pages qui font rebondir la lecture de l’une à l’autre : en suivant un fil, un geste (l’épisode avec les moustaches du chat est superbe), une plante, on suit les aventures de Rosie, tantôt jubilatoires, tantôt effrayantes. Pour ajouter à ce continuum, chaque décor placé à droite des doubles pages pourrait se coller à celui qui s’inscrit à gauche dans la page suivante pour former un leporello continu. Les paysages étranges, tantôt tracés délicatement sur fond blanc, tantôt envahissant tout l’espace comme la forêt de champignons, les créatures géantes rencontrées (à l’échelle d’une toute petite araignée), tout cela propose un beau voyage en images et une histoire captivante et… attachante.

C’est le troisième album de G. Dorémus proposé aux tout-petits, après les jolis Quatre pattes et Tout doux, tous aux éditions du Rouergue.