Sweet Home

Sweet Home
Nancy Guilbert

Didier Jeunesse, 2024

 Road trip en quête de vérité

Par Pauline Barge

Le Dusty Rusteze traverse les paysages d’Irlande avec à son bord Kim et ses deux enfants : Yzac, un petit garçon lumineux et Birdie, une adolescente mélancolique passionnée de musique. Lors d’une nuit pluvieuse, le van tombe en panne et la famille trouve refuge chez Siam et son grand-père. Birdie ignore alors que cette rencontre inattendue bouleversera sa vie.
Le récit alterne les points de vue, permettant de suivre l’histoire sous un angle toujours différent. Dans le présent, il y a Birdie, qui se rebelle, mais porte en elle une blessure profonde. Puis Siam, qui cherche à s’affirmer malgré son handicap. Yzac, lui, apporte un côté comique et une légèreté naïve au récit. Un personnage du passé apparaît également : Skye, une jeune femme qui cherche à fuir sa vie douloureuse, enfermée contre son gré dans un couvent. On se demande alors ce qui rassemble tous ces personnages, quelle histoire commune relie passé et présent. Il y a tant de secrets enfouis dans chacune de leurs vies. Une chose les réunit pourtant avec certitude : ils rêvent tous de leur propre « sweet home« .
Nancy Guilbert livre un récit à la fois plein de tendresse et d’humour, où amitiés naissantes et gestes d’amour captivent. Ce roman tient en haleine tout au long des pages, par ces millions de questions sur ces non-dits et les confrontations inévitables entre les personnages. L’histoire de Birdie et des autres est si pleine de rebondissements qu’il est impossible de lâcher le livre. Divers sujets délicats sont également abordés, tels que le handicap, les violences conjugales ou les atrocités des couvents de la Madeleine, qu’il aurait peut-être fallu explorer davantage en profondeur. Il y a aussi beaucoup de poésie de ce roman, que l’autrice transmet à travers les mots de Siam. Ils trouvent un écho dans toute cette beauté sauvage de la côte Irlandaise, permettant des moments de douceur dans ces mystères familiaux

Le Secret des O’Reilly

Le Secret des O’Reilly
Nathalie Somers
Didier jeunesse, 2018

Ballades et balades irlandaises

Par Anne-Marie Mercier

Le roman de Nathalie Somers propose une balade irlandaise, où les moutons et les vertes prairies, la musique et les danses agrémentent une nature rude et parfois dangereuse. On y rencontre certes quelques clichés touristiques, mais rien de tel pour mettre le lecteur sous le charme d’un pays à la fois proche et lointain.
L’héroïne est française et vit à Paris, mais elle a des origines irlandaises par son père et va chaque été dans sa famille, pas loin de Galway, dans un petit port nommé Listoonvarny (ou Lisdoonvarna), face aux célèbres îles d’Aran. Elle y retrouve ses cousines en pleine préparation d’un concours de musique qui oppose chaque année des fratries de jeunes gens. Le problème central est qu’elles affronteront les gagnants précédents, deux frères de la famille des Clancy (un nom bien de là-bas…), famille ennemie de la leur depuis trois générations.
La question de savoir qui va gagner le concours s’efface assez vite devant d’autres interrogations : pourquoi l’ainée des cousines agit-elle si mystérieusement. Qu’est-ce qui fait que la grand-mère regarde Kathleen bizarrement, qu’est-ce que la vieille Molly cherche à lui faire savoir… et enfin quelle est la raison de la haine qui oppose ces deux familles ?
Si l’écriture est un peu plate, l’histoire fonctionne malgré tout : beaucoup d’interrogations, une intrigue bien ficelée avec toutes ces pistes entremêlées, des événements dramatiques, du suspens, un zest d’amour, c’est un joli cocktail, et tout fini par des chansons.

Maître des brumes

Maître des brumes
Tomi Ungerer

L’école des loisirs, 2013

Ballade irlandaise

Par Anne-Marie Mercier

MaitredesbrumesLes brumes d’Irlande ont adouci le trait d’Ungerer, ailleurs maitre en sarcasmes et récits retors. Ici, tout est lisse et noyé dans le gris bleu. Il propose une histoire simple et touchante, dans une famille de pêcheurs pauvres mais unis, où chacun vaque à son travail selon ses forces et son talent, et où deux enfants vivent une aventure, puis rentrent pour la raconter.

Le charme principal de ce récit est dans le style très particulier des images, sensiblement différentes de celles que l’on trouve habituellement chez Ungerer : l’eau semble être partout, les parties à l’aquarelle sont superbes. L’ensemble est d’une grande poésie, toute en simplicité.