Bleue

Bleue
Michel Galvin
Rouergue 2024

Eloge des différences

Par Michel Driol

Avec qui la petite bûchette bleue, héroïne de cet album, pourra-t-elle jouer ? Rejetée par les bûchettes rouges, elle l’est aussi par les cailloux bleus… Exclue par de minuscules objets  de toutes les couleurs, elle se sent en danger au milieu d’objets gigantesques. Après une longue chute, la voici au milieu de joyeux jouets de toutes formes et de toutes couleurs qui font la fête et l’accueillent chaleureusement.

Cet album reprend  le principe de nombreux albums traitant de l’exclusion : un objet qui n’a pas la même forme, la même couleur que les autres, se trouve de ce fait exclus : on songe à Quatre petits coins de rien du tout, de Jérôme Ruillier, ou encore à Petit cube chez les Tout Ronds, de Josse Goffin. Ce procédé  rend sensible auprès des plus jeunes le phénomène d’exclusion en permettant de mettre en évidence, de façon graphique, géométrique, figurée les différences de façon non anthropomorphique, traitant ainsi de façon implicite la question du racisme ou de la xénophoble. L’originalité de cet album est de faire partager au lecteur le point de vue de l’exclue, à l’image du jeune enfant, qui cherche sa place dans la société. Elle cherche d’abord sa place en se rapprochant de ce qui lui ressemble, par la forme, par la couleur, la taille. Autant de critères facilement perceptibles par le jeune enfant, facilement montrables sur l’illustration. Le texte insiste sur la violence du rejet, renforcé par les capitales d’imprimerie. Au lecteur de trouver ces motifs d’exclusion pleins de bêtise, de superficialité et d’outrecuidance. De ce fait, l’album invite à s’interroger sur les ressemblances et les différences, dans un univers plein de pluralité, pluralité des formes, des couleurs pour déboucher sur une conclusion graphiquement réussie : c’est au sein de la plus grande diversité des formes, des couleurs, des usages que se trouve la plus grande joie, et la plus grande volonté d’intégration. Alors que tous les objets rencontrés jusqu’alors se fondaient dans un anonymat, comme si leur communauté leur tenait lieu d’identité, et leur intolérance d’idéologie, les jouets ont tous un nom, et la buchette peut enfin révéler le sien.  Voilà un beau message, à la portée des plus jeunes enfants, porté par cet album dont les illustrations savent être à la fois claires et lisibles, mais aussi pleines de  couleurs et de formes.

Un album qui porte haut un message d’intégration humaniste, qui invite à s’ouvrir à l’autre quelles que soient ses différences, celles-ci étant non pas un obstacle au vivre ensemble, mais un élément le favorisant dans une joie retrouvée.

Le Jeu du noir – conte de Noël

Le Jeu du noir – conte de Noël
Francesca Scotti – Claudia Palmarucci
La Partie 2024

Imaginer le présent et l’avenir

Par Michel Driol

Le jeu du noir, c’est un jeu auquel jouent Giulia et Pietro. Il s’agit de prendre deux ou objets, de les disperser dans une chambre, d’y faire le noir, et de les chercher. Une fois trouvés, il s’agit de les identifier : ours ? ogre poilu ? lapin en peluche ? Le jour de Noël ; ils se retrouvent face à face dans le noir et, explorant leurs visages de leurs mains, quand ils sont prêts à se dire ce qu’ils y voient, ce qu’ils deviendront, la lumière revient et il est temps de découvrir les cadeaux.

C’est un conte de Noël bien singulier que proposent les deux autrices. Certes, on est à Noël – en témoignent le père Noël dans la rue, les cadeaux, le sapin, la famille réunie. Mais tout se passe en marge de cette fête, entre deux enfants, possiblement deux cousins, qui cherchent à échapper à la longueur et à l’ennui des repas de fête par ce jeu du noir, un jeu qui fait passer du réel à l’imaginaire par le langage. Est-on si loin de Noël en fait ? Le noir ? mais Noël ne correspond-il pas au solstice d’hiver, quand a nuit se fait plus longue ? Les mots dits sur les objets ? chaque découverte, dit le texte, constitue un cadeau. Quant aux mots que chacun voudrait dire à l’autre, explorateur, jeune magicien, pilote d’avion et cerf, pour  l’un, plongeuse, gentille sorcière, archéologue et héron pour l’autre, ils correspondent à ce que l’un et l’autre voudraient être, cadeaux comme une promesse d’avenir qui s’évanouit lorsque la tante de Giulia ouvre la porte, cadeaux qui ont sans doute plus de valeur que ceux qu’on voit sur la table, dans des boites qui semblent alors bien ordinaires. Sans doute la dernière phrase du texte, mais l’avenir qu’ils souhaitent les suivra dans le fond noir et sûr de leurs poches est cette promesse d’un épanouissement pour chacun : peut-on offrir meilleur cadeau ? On le voit, pour être décalé, l’album est bien un album de Noël, où il est question de cadeaux, d’imaginaire, et de souhait pour l’avenir, ce qui nous ramène au sens premier, préchrétien, de la fête du solstice d’hiver, façon de célébrer la confiance dans la nature et le futur d’un printemps plus heureux que l’hiver.

Au-delà de son sens et de sa façon d’évoquer Noël à travers l’imaginaire de deux enfants qui veulent échapper à l’ennui d’un repas de famille, l’album est une petite merveille à cause des illustrations, des gouaches grand format de Claudia Palmarucci. La même rue, le même cadrage, pour ouvrir et fermer l’album : en plein jour d’abord, avec les passants, les vitrines illuminées, en pleine nuit à la fin, avec la neige qui tombe. Dans les deux cas, derrière les fenêtres du premier étage, la famille de Giulia et Pietro. Se correspondent encore les représentations de la famille, en fin de repas autour de la table, jouant ensuite au loto en fin d’album. A ces représentations hyperréalistes du monde s’opposent les objets cachés dans le noir, objets qui flirtent avec le surréalisme, où se déploient le double sens, l’étrange et l’imaginaire, à l’image du texte, de ses propositions, objets qui semblent nous éloigner de plus en plus du réel, de la terre, pour nous entrainer dans un autre univers.

On sera peut-être frustré, comme lecteur, comme Giulia et Pietro à la fin, de quitter cet univers du noir, cet univers onirique de tous les possibles, pour se retrouver en pleine fête de Noël, à ouvrir les cadeaux. Telle est la puissante magie de ce magnifique album !

Attention ! Ouvrir doucement. Ce livre a des dents !

Attention ! Ouvrir doucement. Ce livre a des dents !
Nick Bromley, Nicola O’Byrne
Traduit (anglais) par Rose-Marie Vassallo
Flammarion (Père Castor), 2024

Action ! (1)

Par Anne-Marie Mercier

La version en format poche de cet album, paru en 2013 et novateur à l’époque, est la bienvenue (même si le grand format permettait davantage de jeu) : l’auteur feint de vouloir nous raconter l’histoire du « Vilain petit canard » quand un crocodile vient s’introduire dans son histoire. Le lecteur doit être sur ses gardes car l’animal est affamé. Mais en réalité celui-ci mange le livre lui-même, les lettres, les phrases, les pages.
Le lecteur doit intervenir. On lui propose d’endormir l’animal en le berçant et en bougeant le livre, de le crayonner, de le secouer… Il finira par sortir à la manière de l’Histoire de la Petite souris qui était enfermée dans un livre (1980) de Monique Félix.
C’est un bel exemple de livre qui cherche à faire agir son lecteur et anime pages et mots. Depuis, Hervé Tullet a fait plus, Ramadier et Bourgeau aussi.
Après avoir inspiré ce livre à Nick Bromley, l’illustratrice a repris son crocodile dans Qu’y a-t-il derrière cette porte?: Ouvre-la pour voir! (2018), chroniqué sur lietje.

 

Qu’y a-t-il derrière cette porte ?

 

Nos Maisons

Nos Maisons
Elise Peyrache
Saltimbanque, 2024

Cabanes en séries

Par Anne-Marie Mercier

Encore des cabanes, c’est sans doute l’été qui veut cela. Mais cet album est original par le fait qu’il présente non pas la construction d’une cabane par un groupe d’enfants comme dans La Cabane sous le cerisier, mais celle de plusieurs cabanes : chacun la sienne. Le projet semble donc détourné vers moins de collectif mais plus d’inventivité, même si le collectif revient dans un deuxième temps.
Son autre originalité tient à la présence de découpes ouvrant des fenêtres, non seulement dans la première de couverture mais aussi à l’intérieur même de l’ouvrage : fenêtres, portes, visions entraperçues, trouées vers l’imaginaire. Une fois les cabanes construites, elles permettent d’élaborer de nombreux jeux. Les enfants se font indiens, navigateurs, explorateurs, organisent des fêtes communes. Les adultes semblent avoir disparu.
Le dessin délicatement tracé à l’encre est colorié à l’aquarelle de verts frais et d’ocres boisés. C’est charmant et l’on peut rêver de grandes cousinades où des enfants d’âges proches collaboreraient en belle entente, laissant chacun développer son propre imaginaire et ses envies, en toute liberté.

Ma Cape

Ma Cape
Julia Thévenot, Anne-Hélène Dubray
Sarbacane, 2024

Adieu mes parents, je vole…

Par Anne-Marie Mercier

C’est une surprise de retrouver Julia Thévenot dans un album pour jeunes enfants. Elle est surtiut connue comme l’auteure de Bordeterre, beau roman de fantasy pour adolescents, paru chez le même éditeur en 2020. Mais ici comme là, l’imaginaire est à la fête : dans cet album, tout est dans la tête de la narratrice, celle qui dit « ma cape » ; avec une cape elle est super héros, Père Noël, homme invisible, elle vole…
Son entourage a beau lui dire que ce qu’elle a sur ses épeules ou sous ses pieds n’est qu’un manteau, une serviette de toilette, un drap… elle n’en démord pas. Seule (enfant unique ?), elle s’invente des mondes où tout lui est possible. Mais quand ses parents lui offrent une « vraie » cape, celle-ci devient tablier, nappe, tente… et parfois cape.
C’est un beau portrait de la capacité des enfants imaginatifs à jouer tous les rôles, détourner les objets, s’inventer des histoires.
Les illustrations, en grands à plats cernés de noir, accompagnent bien ce texte simple.  On suit, de double page en double page, l’alternance entre rêve et réalité, point de vue adulte sérieux et plat et point de vue enfantin drôle et aérien.

 

Trop de dinos, c’est combien ?

Trop de dinos, c’est combien ?
Lou Peacock, Nicola Slater
Flammarion Père Castor, 2024

Du miel pour faire passer le vinaigre

Par Anne-Marie Mercier

Le nombre des albums sur les dinosaures augmente sans cesse, mais ils nous apportent pourtant toujours de jolies surprises. On pourrait dire que c’est trop facile de flatter le goût étonnant des enfants pour ces grosses bêtes. Leur avantage, c’est qu’elles remplacent avantageusement le loup : ça fait peur mais on peut dire sans mentir « il n’y en a plus en France » (décidément les boomers ont eu toutes les chances : pas de réseaux dits « sociaux » et des loups relégués dans les Apennins, ou les Carpates lointaines…). Surtout, cela permet de faire comprendre des leçons pas toujours flatteuses pour les enfants : du miel pour faire passer le vinaigre. Les capricieux sont repris par Trop nul, les exigeants par Trop de dinos.
Un enfant obligé de jouer seul ou de lire pour ne pas s’ennuyer au parc a un jour un dinosaure (« Un jour, j’ai eu un dinosaure », c’est la première phrase du texte) ; il s’amuse follement sur la balançoire du parc avec lui. Mais les jeux à deux finissent par être lassants, il faudrait un deuxième dinosaure puis un troisième, et à quatre c’est encore mieux, etc., jusqu’à dix.
A dix, c’est compliqué… ces grosses bêtes de toutes les couleurs et de toutes les formes ont un côté exubérant de Maximonstres : on les voit engloutir des tonnes de gaufrettes, piquer la trottinette de l’enfant, prendre toute la place dans son lit, tout casser, comme le monstre de Grosse Colère. Il finit par décider que c’est trop et les chasser, pour se rendre compte que c’est triste d’être seul…
Les images simples sont éclatantes de couleur ; le grand sourire de l’enfant, placé au centre de cette joyeuse bande, ne s’estompe qu’au niveau de dix pour revenir en dernière page avec la fin heureuse (et le retour du premier dinosaure).
Moralité : il ne faut pas vouloir toujours plus. Mais aussi on peut apprendre ainsi à compter jusqu’à dix.

 

C’est super d’être petit !

C’est super d’être petit !
Soledad Bravi, Hervé Eparvier
L’école des loisirs (« loulou & Cie »), 2024

Petits bonheurs de la vie enfnatine

Par Anne-Marie Mercier

Voilà une belle réponse aux enfants qui souhaitent devenir grands plus vite. S’adressant à des enfants plus jeunes que l’album de Christine Naumann-Villemin et Marianne Barcilon, Mademoiselle Princesse veut être grande, cet album cartonné au format adapté à des petites mains, carré aux coins arrondis, met en scène le dialogue d’une mère avec sa fille. Il commence ainsi :
« Je veux être grande. Quand on est grande on peut faire ce qu’on veut ».
Sa mère, au lieu de la contredire et de lui indiquer des choses désagréables liées à l’âge adulte, lui demande de penser à ce que elle peut faire et que ses parents ne peuvent pas faire.
La liste est belle : un enfant peut faire des cabanes, des grimaces, se mettre dans le caddie ou dans une poussette, se faire porter sur les épaules de ses parents, grimper aux arbres, faire du tricycle dans le couloir, jouer, parler aux fourmis…
Cette énumération célèbre la liberté et l’inventivité de l’enfance, le confort apporté par des parents aimants et patients, tous avec le sourire. Dessins expressifs et drôles, grands aplats de couleurs vives, tout cela est très joli et célèbre comme il se doit l’enfance et ses plaisirs, sans mièvrerie.

 

 

 

Le Barrage

Le Barrage
Daniel Fehr – Mariachiara Di Giorgio (traduction de Laurence Gravier)
Editions des Eléphants 2024

Entre réel et imaginaire

Par Michel Driol

Faustine et Lily ont entrepris de construire un barrage près d’un étang. Arrive Eliot, le petit frère, qui vient les aider. Le barrage n’est jamais assez haut tandis que sur l’étang arrivent un bateau de pêche, Nessie, puis un vaisseau royal et un bateau de pirates. Tout ce beau monde contribue à la construction du barrage jusqu’à ce qu’Eliot veuille reprendre sa pierre… Et voilà le trio rentrant tout mouillé à la maison…

Les illustrations posent d’abord un décor unique, vu du même point de vue. Un paysage de montagnes illuminées, des arbres de part et d’autre, comme un rideau de théâtre, au milieu le lac et au premier plan  les pierres constituant le barrage, sur toute la largeur de l’album qui exploite au mieux le format à l’italienne. Sur ce décor essentiellement réalisé à l’aquarelle se détachent, collés, les pierres et les personnages, accentuant encore l’illusion théâtrale. Tandis que les enfants s’activent, ils ne semblent pas d’abord remarquer ce qui arrive sur l’étang, l’illustration anticipant le texte, ou lui ajoutant des éléments absents. Tout se passe comme si les enfants, absorbés par leur tâche, ne voyaient pas ce qui se trame derrière eux, ou plutôt comme si leur imagination les entrainait dans un univers où les époques se confondent. Après une page sans texte où les enfants regardent enfin le lac et les bateaux, le texte, toujours aussi concis et vivant, reprend, intégrant cette fois-ci les navires dans le dialogue des enfants. Un roi imbu de lui-même qui refuse de contribuer au barrage, mais crie A l’aide quand arrive le bateau de pirates. Avec humour, les enfants renversent cet appel à l’aide pour « faire cesser les jeux idiots des pirates » et réclamer à tous de l’aide. Le barrage devient alors le lieu du projet partagé, le lieu de la paix, de la concorde…  Utopie enfantine qui mêle les rôles, les époques, les statuts sociaux pour agir ensemble.

Alors que les illustrations anticipaient le texte, voilà que c’est le texte qui, au conditionnel, anticipe les illustrations pour amorcer la chute. Deux formules qui reviennent, C’aurait vraiment été une merveilleuse journée si… et annonce les catastrophes possibles. La destruction du barrage est illustrée de façon dynamique, avec un changement de perspective, l’eau emportant tout, enfants, pirates, pierres sur son passage. Qu’on se rassure, le retour à la maison, en dépit du texte menaçant, de la silhouette de dos de la mère, les mains sur les hanches, sur l’illustration, au premier plan, se passe si bien que les enfants se lancent un nouveau défi pour le lendemain, montrant que la construction du barrage devient un rituel. Mais le lecteur attentif aura repéré au mur une marine, une lampe couronne et surtout une silhouette très préhistorique dans le jardin, derrière la fenêtre. Où commence le réel ? Où s’arrête l’imagination ? L’album ne cesse de brouiller les pistes, comme dans les jeux enfantins où tout est possible.

Un album plein de rythme et de surprises, montrant que rien ne peut faire barrage à l’imaginaire enfantin !

Youpi Youpla

Youpi Youpla
Aurelia Gaud
Sarbacane (sarbabb), 2024

Par Anne-Marie Mercier

Deux poupées se font face de part et d’autre de la pliure. L’une a la peau claire, l’autre noire ; l’une est en bleu, l’autre en jaune ; l’une monte et descend, l’autre se balance… petit à petit les personnages brisent la frontière invisible qui les séparait, l’un va retrouver l’autre dans sa page,  d’une page à l’autre ils se mélangent.
On découvre progressivement que les images fonctionnent avec le même nombre d’éléments graphiques dans des combinaisons différentes : les éléments verticaux de la poupée bleue deviennent un chapeau, des agrès… Les éléments ronds de la poupée jaune également : c’est un peu comme travailler avec le même paquet de gommettes pour réaliser différentes images. C’est aussi comme jouer à la poupée, échanger les vêtements, les détourner, et mélanger cela avec des cubes, c’est un jeu.
C’est aussi une belle illustration du plaisir du mélange, de l’échange et de la rencontre avec l’autre. L’album est cartonné, à destination des petits, comme l’indique la collection, mais il est de ceux qui pourraient accompagner longtemps l’enfant.
Sur le site de l’auteur on peut retrouver ces belles images acidulées

Le Livre qui peut lire dans ton esprit

Le Livre qui peut lire dans ton esprit
Marianna Coppo
Traduit (italien) par Christian Demilly
Grasset jeunesse, 2024

Ta-dam ! un livre pour faire de la magie

Par Anne-Marie Mercier

Lady Rabbit, lapin blanc vêtu d’un costume noir, fait le prestidigitateur, non pas en fiction comme c’est souvent le cas dans les livres, mais en VRAI ! Oui, ce livre est un spectacle de magie à lui tout seul, à la manière des tours de cartes : le lecteur est invité à choisir en secret un personnage parmi les spectateurs de la performance de Lady Rabbit et à donner la rangée dans laquelle il se trouve. Selon celle qu’il aura donnée, il doit se rendre dans une section particulière de l’album. Il découvre alors une autre disposition des personnages et doit à nouveau choisir la rangée où se trouve celui qu’il a mémorisé pour se reporter enfin à la page qui lui dit ce qu’il a choisi (ta-da !).
On peut refaire le jeu à l’infini, épater ses ami/es, ou tout simplement se régaler des illustrations qui jouent parfaitement le jeu de l’attente et de la merveille.
Les dernières pages révèlent l’origine de ce jeu, bolzone en italien. Ce mot désigne les tours de magie utilisant des nombres, notamment ceux de frère Luca Paciolo qui, dit-on fascinaient Léonard de Vinci. Elles montrent quels ouvrages ont progressivement conduit à l’idée de transcrire ce jeu en livre puis en images, de La Pensée gracieuse de Pietro Millioni au Passe-temps d’Andrea Ghisi (1603).