Le petit homme et Dieu
Kitty Crowther
Pastel, 2010
Le goût de l’omelette
Par Anne-Marie Mercier
Poursuivant son exploration philosophique, Kitty Crowther s’attaque à la question de la divinité. Non pas celle de son existence (Dieu existe, puisque Petit Homme le rencontre et lui parle), mais celle de sa nature, sa forme, ce qu’il peut et ce qu’il sait. Dieu affirme être un dieu parmi d’autres. A la demande de Petit homme, il est capable de prendre toutes les formes vivantes (on songe à l’ogre du Chat botté). Seule faiblesse, il ne sait pas grimper aux arbres, ni nager, et dit ne pas savoir ce qu’est une omelette.
Il accompagne le petit homme dans toutes ses activités dans un décor aux allures de jardin d’Eden, rendant Théo heureux « pour l’éternité ». Cela dure jusqu’au moment où Dieu rentre chez lui, retrouver sa femme, pour lui faire une de ses fameuses… omelettes. Enfin, il se promène et se demande « si un jour il arrivera à grimper aux arbres comme Théo ». Le récit se retourne et on ne sait plus bien qui est le dieu de l’autre.
Si Dieu y perd sa barbe blanche, il y gagne en familiarité. Son allure ectoplasmique est fort sympathique. Petit Homme et Dieu, tous deux en majuscules (sauf dans le titre), sont à égalité, chacun dans son monde, mais avec en commun le goût de l’omelette.