Les Aventures d’Alphonse Lapin
Jean-Claude Alphen
D’eux 2023
Un Tour du monde en 124 pages
Par Michel Driol
Cet album sans texte nous propose de suivre Alphonse Lapin dans ses aventures autour du monde. Tout commence à Paris, puis il part en montgolfière à Londres, en Hollande, à Moscou. Accident de montgolfière : le voici à l’hôpital, et c’est en petit avion qu’il décolle pour le Japon. Lorsque son avion est frappé par la foudre, il saute en parachute au-dessus de Sydney. Il en repart en voilier, navigue en Inde, devient alpiniste au Bhoutan, médite pendant un an sous un arbre, et repart, en avion de ligne cette fois, pour l’Egypte, la Grèce, l’Italie. En paquebot, il arrive au Brésil, en Amazonie. Avion de ligne à nouveau pour visiter New York, et retour en train chez lui, dans un Québec enneigé. Sur son fauteuil est ouvert le Voyage au centre de la terre…
Les illustrations de Jean Claude Alphen nous conduisent dans un monde à la fois fantaisiste et réaliste. Fantaisiste par ses habitants, des animaux et non des hommes, lapins, bien sûr, mais, au fil des pages, on croisera bien d’autres espèces. Dans cet univers, on ne s’étonnera pas de voir dans un musée New Yorkais des carottes traitées à la Andy Warhol, ou le Christ du Corcovado avec de grandes oreilles… Fantaisie aussi dans les premiers moyens de transport aériens utilisés. Mais réalisme dans les emblèmes principaux des villes visitées, qui permettront à tout le moins au lecteur adulte de les identifier. On retrouve ainsi régulièrement des monuments (la Tour Eiffel, le Taj Mahal…), de la nourriture (fish and chips, donuts…), des éléments culturels (Tournesols de Van Gogh exposés en Hollande, momies en Egypte, ou Lac des Cygnes sur la scène du Bolchoï). Alphonse Lapin se montre touriste parfait, curieux de tout, utilisant les moyens de transport locaux (carte du métro de Londres, tuk-tuk en Asie). Si les sports extrêmes ne lui font pas peur, il sait aussi passer un an dans un monastère bouddhiste à méditer. Lointain héritier des héros de Jules Verne, il ne se départit jamais de son élégance vestimentaire (pull rouge et pantalon bleu). Les illustrations, traitées à l’aquarelle et à l’encre de Chine, constituent un bel beau carnet de voyage, qu’il s’agisse de paysages urbains en double page ou de croquis liés au péripéties du voyage. Cela permet de jouer avec le rythme de lecture. Quant au retour à la maison il s’accompagne d’une certaine dépression. C’est l’hiver, les rues sont désertes, l’aventure est terminée… à moins que le livre de Jules Verne qui traine sur le fauteuil ne sonne comme l’annonce d’une nouvelle expédition !
Un tour du monde plein de couleurs, des péripéties nombreuses et variées, un bel album signé d’un auteur qui révèle une fois de plus son inventivité dans la façon de raconter des histoires et de conjuguer imaginaire et sens du réel comme une définition de l’enfance.