L’étrange réveillon
Bertrand Santini, Lionel Richerand
Grasset, 2012
Conte fantastique en ombres et or
Par Dominique Perrin
Un jeune homme de sept ans se trouve l’héritier d’une immense fortune, d’une armée de serviteurs compassés, ainsi que d’une solitude immense dans un manoir ombreux. Cette configuration archétypale donne lieu à un conte à la manière de Poe, tout en atmosphère et en références littéraires et cinématographiques. L’enfant prend place dans la lignée des rêveurs-penseurs, traquant l’énigme métaphysique de la disparition de ses parents. L’allégorie du poète en sondeur de mystère le cède ensuite au tableau gothique, quasi grand-guignolesque, avec une scène de repas entre cadavres. Le récit tourne enfin assez élégamment court dans la vision fantasmatique et chaleureuse – mais sans doute éphémère – de l’abolition de la mort des bien-aimés. Plus brillant et complexe que profondément cohérent, cet album dû à des maîtres de l’animation conserve à l’image et au texte une étrangeté de bon aloi.