Les derniers jeux de Pompéi
Anne Pouget
Casterman, 2011
Pompéi comme si vous y étiez….
Par Chantal Magne-Ville
On peut dire que la « transportation » dans l’Italie des années 79 est totalement réussie car Anne Pouget, en historienne érudite sait multiplier les effets de réel transformant parfois ce roman en véritable cours d’histoire. Le lecteur participe ainsi de près à la vie quotidienne des foulonniers ou des gladiateurs et découvre ce qu’on mangeait à l’époque, ou l’état de la chirurgie. Aucun aspect n’est négligé, en passant des élections à la religion et à l’habitat au risque de digressions un peu longues parfois. Les commerçants de Pompéi nous deviennent quasi familiers. Mais nous ne saurons presque rien de l’éruption du Vésuve qui n’intervient qu’à la fin, créant cependant une tension permanente.
Qu’en est-il alors de l’intrigue ? Il faut reconnaître que son intérêt tient pour beaucoup à la personnalité de Lucius, le jeune héros dont le métier est de collecter les urines utilisées pour blanchir le linge. Il a en charge Beryllus, un grand frère un peu simplet dont les bêtises sont source de péripéties multiples qui conduiront Lucius à Ostie où un riche patricien lui donnera les moyens de dessiner et d’apprendre le grec, la langue des savants.
L’étonnement provient de la modernité des sentiments de Lucius qui s’insurge notamment contre le sort fait aux esclaves en qui il voit des hommes, tout comme Sénèque avant lui, ainsi que le lui apprend un homme politique. Il n’hésitera pas à donner son sang pour sauver un gladiateur noir devenu son ami. Le ton demeure cependant plutôt léger et les bons sentiments triomphent toujours, à l’image de la fin où toutes les tensions se résolvent.