Le Regard des princes à minuit
Erik L’Homme
Gallimard (Scripto), 2014
Le renouveau du roman scout ?
Par Anne-Marie Mercier
Le roman d’Erik L’Homme est une œuvre bizarre, à plusieurs titres : il entrelace deux temps, le nôtre et un temps ancien dans lequel sept « bacheliers » partent à l’aventure pour affronter des épreuves, combattre le mal, délivrer des princesses… Les sept histoires de bacheliers, écrites comme des pastiches de romans de chevalerie, sont intercalés avec ceux des temps modernes et ne sont donnés que sous forme de fragments, c’est au lecteur de deviner la suite.
Les récits modernes sont apparemment sans lien les uns avec les autres. On y voit des adolescents participer à des défis étranges lancés par un garçon plus âgé qui fait figure de mentor ou de maitre Jedi : prendre des risques, faire confiance ou se méfier, résister, s’abandonner… ce sont autant d’étapes vers une sagesse et un idéal de chevalerie moderne. Il s’agit de s’endurcir pour un combat, d’être prêt à se battre pour sauver des dames, faire de son corps un rempart contre la barbarie…
Citant John Keating (Le Cercle des poètes disparus) et faisant référence dans son introduction à l’éthique Jedi et au roman scout (la série du Foulard de sang de Jean-Louis Foncine), Erik L’Homme tente de réenchanter le roman d’aventure, mais aussi de donner un idéal aux adolescents en leur proposant de s’imaginer en combattants – mais contre qui ?
Que désigne cette barbarie que l’on traque et ce passé que l’on tente de faire revenir ?