Mademoiselle météo

Mademoiselle météo
Susie Morgenstern
L’Ecole des loisirs (neuf), 2011

 L’école, contre vents et marées

par Anne-Marie Mercier

Trop mince, trop jolie, trop fantaisiste, Alizée Tramontane est seule. Elle a deux passions dans sa vie, la météo et ses élèves de CM1; elle a également deux ennemies, une collègue méchante et jalouse et une inspectrice qui n’aime pas son inventivité pédagogique.

Deux intrigues se déroulent en parallèle, la tentative de ses proches pour la marier (le candidat s’avère être un jeune businessman incapable d’exprimer une émotion), et une expérimentation pédagogique qui l’amènera à faire réaliser des bulletins météo théatralisés par ses élèves, en costumes et en actions, puis à une classe de mer « météo », chaque volet se terminant en catastrophe, du moins provisoirement. La vision du monde enseignant est assez noire, celle de la vie des hommes d’affaires n’est guère meilleure, mais le roman est constamment porté par l’humour et le style de Suzie Morgenstern, autant dire qu’on se régale.

À noter particulièrement : le récit de la visite d’un auteur dans l’école avec deux types de préparation, l’une scolaire et ennuyeuse, menée par la méchante institutrice, l’autre inventive et intelligente, menée par la jeune, jolie, gentille et parfaite héroïne… Du vécu, Susie?

Supermoyen

Susie Morgenstern
Supermoyen

Ecole des loisirs, coll. Mouche

Supermoyen en demi-teintes

Par Dominique Perrin

Susie Morgenstern, Dominique Perrin,  Supermoyen,  Ecole des loisirsAlexandre a du mal à endosser son propre rôle, à l’école et hors de l’école ; ou bien – autre façon de le décrire – il endosse trop bien le rôle du moyen ; ou encore, il est celui qui n’est pas entièrement convaincu – autant dire franchement pas convaincu – de sa capacité à susciter l’estime, à commencer par la sienne.

Le récit est alerte, son enjeu intéressant, et laisse pourtant l’impression d’être mince : il supporte mal, peut-être, d’emprunter les ornières d’un schéma affectif bien connu – amoureux silencieux finalement reconnu par sa brillante dulcinée, camarade présumé idiot s’avérant néanmoins sympathique, au prénom anglo-saxon souvent donné dans les milieux populaires. Et, un peu comme dans Comment j’ai changé ma vie d’Agnès Desarthe (2004), le piano envoyé comme un sésame existentiel par un parrain inspiré constitue un objet transformateur sans doute peu présent et peu probable à l’horizon d’éventuels lecteurs de classes peu aisées.