Clovis, le roi du tournevis
Florence Balligand
Sandrine Lhomme
Balivernes, 2010
De la magie du tournevis
par Dominique Perrin
Cet album a manifestement un beau projet : écrire le conte, la fable, le poème sensible qui rendraient compte des charmes du bricolage, reconnaître en cette pratique un objet de narration et de rêveries, au même titre que tant d’autres activités fondamentales de l’humanité. Au-delà du dynamisme en soi attachant de cette intention, le pari ne semble pas gagné ici. L’album hésite, à la fois sans réussir et sans trancher, entre une logique de jeu sur les mots et les choses aux moyens un peu courts, et une logique narrative centrée sur la geste d’un jeune bricoleur, devenu maître en tournevis, captivant les enfants des villages, et finalement, sans trouver de consistance autre que bien convenue, campé en chef de famille. Projet à suivre, donc : la présente réalisation ne parvient pas à convaincre que le détachement du nom du protagoniste (« Et comme il a bon cœur, Clovis,… », « ça lui a donné des ailes, à Clovis,… ») soit un moyen stylistique apte à rendre compte des charmes singuliers du bricolage ; de même le lecteur mis en appétit se réjouirait peut-être de voir radicaliser la recherche plastique en matière de télescopages de matériaux, d’images, et de mots.