Même pas mort !

Même pas mort ! 
Audren
L’école des loisirs (théâtre), 2011

Dommage !

Par Michel Dieuaide

Même pas mort.gif Parler de la mort aux jeunes spectateurs avec le langage théâtral est un choix courageux. Dans une pièce intitulée « Même pas mort ! », l’auteur se risque à aborder une thématique qui engage beaucoup, quand on sait combien les adultes restent souvent sans voix devant les interrogations des enfants à ce sujet.

Audren met en jeu ses personnages dans une situation unique : l’attente des familiers d’un mort autour d’une tombe ouverte avant l’arrivée du  cercueil. Peine, frustrations, humour s’égrènent pour supporter ce sursis à l’adieu définitif, en présence de deux importuns, autoproclamés « conservateurs de bonheur », qui vont s’immiscer dans la conversation des proches du disparu.

Très vite, malheureusement, les dialogues s’évertuent à dédramatiser la situation de base et la pièce s’engouffre dans une légèreté décalée qui fait disparaître toute tension émotionnelle. Qui plus est, le mort n’est même pas mort et sa réapparition renforce la sensation que, décidément, vouloir parler de la mort ne suffit pas si l’écriture s’emploie à l’esquiver. Tous les personnages – à l’exception de Bérénice (la femme de ménage du mort) – s’échinent à prendre de la distance, perdant ainsi toute épaisseur. Ernest et Maya, les pseudo-poètes du bonheur de vivre, ressemblent à des baudruches langagières et contribuent principalement à retirer à l’écriture toute la densité que le choix initial de contenu pouvait laisser espérer. Dommage ! « Même pas mort ! » tient de la supercherie…même pas drôle !

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