Chamalloux

Chamalloux
Lee Gee-eun
Traduit (coréen) par Yeong-hee Lim
Les Fourmis rouges, 2025

Miam miam?

Par Anne-Marie Mercier

Les Chamalloux ont une allure de Chamallows. Ils sont un peu ronds, informes, blancs, petits aussi. Ils se ressemblent et portent tous comme seul vêtement un petit chapeau pointu, noir. Ils semblent asexués (on peut aussi penser à une ressemblance avec les gentils Gibis des Shadoks). Ils vivent paisibles dans un village de grandes maisons collectives et font tout collectivement : ils ramassent des gros fruits, plus gros qu’eux, qui ressemblent à des grenades et se nourrissent de leurs graines. Quand, un jour, apparait un monstre noir et poilu…
Informe, ce gros mou ressemble un peu aux Barbapapa (voir l’émission de France Culture sur les grands mous). Il répète toujours la même phrase incompréhensible (« Chamarodan Miaï Miaï ») en hurlant. L’un des Chamalloux croit entendre « Chamalloux miam miam ». Alors, les tentatives pour neutraliser le monstre se succèdent, en vain L’attacher (l’image évoque les Lilliputiens contre Gulliver,  plus efficaces que ces petits êtres), le bombarder, le brûler, rien ne marche et les illustrations montrent bien les images d’effroi qui envahissent les Chamalloux. Tout cela dure jusqu’au moment où l’un d’eux met en doute leurs certitudes : et si ce monstre voulait autre chose que les dévorer, pourquoi ne pas aller lui parler ?
Il y a très peu de texte, juste ce qu’il faut pour rendre les cris du monstre et les slogans lancés par les petits êtres, énumérant les raisons de craindre, les traits stéréotypés : poils noirs, griffes, taille… La simplicité des dessins et la légèreté des aquarelles sont accompagnées par une mise en page variée et parfois originale, les jets de rouge dans les moments de fureur tranchent à merveille, et le retour au calme est savoureux, donnant envie d’entrer dans ce paysage idyllique de simplicité. Le jeu avec le comique et l’effroi est parfait, et c’est un régal de se promener dans ces pages si simples mais toujours surprenantes qui font l’éloge de l’écoute et de l’empathie, contre les préjugés.
Il parait que tout cela repose sur un jeu de mot pour ceux qui parlent coréen…

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