“Théâtrales Jeunesse” a dix ans

A l’occasion des 10 ans
de la collection “Théâtrales Jeunesse”,

jojo.gif   Les Editions théâtrales ont réalisé 17 entretiens filmés avec leurs auteurs.Deux entretiens seront mis en ligne  par semaine (le mardi et le vendredi) sur le blog des éditions et sur viméo :

 1er novembre : Françoise du Chaxel + Marine Auriol

8 novembre : Hervé Blutsch +  Dominique Paquet

15 novembre : Karin Serres + Sylvain Levey

23 novembre : Roland Shön + Yves Lebeau

30 novembre : Jean-Pierre Cannet + Françoise Pillet

7 décembre : Dominique Richard + Henri Bornstein

14 décembre : Stéphane Jaubertie + Jean Cagnard

21 décembre : Bruno Castan + Michel Marc Bouchard

28 décembre : Suzanne Lebeau

 Les entretiens avec Françoise du Chaxel et avec Marine Auriol sont en ligne sur Channel viméo : http://vimeo.com/channels/theatralesjeunessea10ans.

 Tout un programme consacre les 10 ans de “Théâtrales Jeunnesse” : des manifestations  au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil avec une programmation spéciale « 10 ans », des happenings poétiques dans les bibliothèques, des évènements en librairie, une fête-anniversaire au Théâtre Berthelot…

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Les Aventures du livre de géographie… le théâtre des livres

Les Aventures du livre de géographie qui voulait voyager avant de s’endormir
Cathy Ytak

Syros (mini Syros-théâtre à jouer), 2011

Une nuit à la bibliothèque : théâtre

Par Anne-Marie Mercier

livre,cathy ytak,syros (mini syros-théâtre à jouer),migrant,bibliothèque,anne-marie mercier   On songe à la pièce de Jean-Christophe Bailly, Une Nuit à la bibliothèque, dans laquelle comme dans ce petit texte, les livres, la nuit, sortent de leurs rayons et se racontent des histoires. Ici l’intrigue est simple, et le titre dit tout : le livre de géographie veut voyager. Il rencontre d’autres ouvrages plus ou moins favorables à son projet : encyclopédie et dictionnaire, livre d’histoire, livre de la police de l’air et des frontières, livre de souvenirs, livre de la petite musique de nuit, manuscrit…

Les dialogues sont simples et vifs, souvent drôles (le « livre des insultes et des gros mots » plaira beaucoup aux enfants), parfois profonds. Ils sont aussi orientés politiquement (le livre de la police de l’air et des frontières arrache des pages à un album, on vous laisse découvrir pourquoi). En somme c’est un très joli moment de théâtre imaginaire a proposer à de jeunes acteurs et de jeunes ou moins jeunes spectateurs (prévu pour une dizaine d’acteurs et plus).

L’amour n’a pas de lendemains

De la montagne et de la fin
Marina Tsvetaeva
Mise en scène de Nicolas Struve
Avec Stéphanie Schwartzbrod
Maison de la Poésie, Paris
Du 4 au 28 juin 2009

par Nicolas Cavaillès

Montage de lettres et de poèmes de Marina Tsvetaeva (1892-1941) autour de son histoire d’amour de quelques mois avec Constantin Rodzevitch, en 1923, De la montagne et de la fin donne à entendre le tourbillon d’une de ces passions à partir desquelles la vie antérieure ne semble plus avoir été vraiment la vie (seulement son pâle reflet), et la vie postérieure ne plus pouvoir être qu’impossible fadeur. Nicolas Struve met en scène un amour confiné dans l’espace exclusif de l’intime et débordant du désir de se déverser sur l’univers tout entier, à commencer par Prague la ténébreuse. Une passion totale, ingérable, magnifiée dans des lettres toute d’étouffement jouissif et drolatique ; une très belle partition russe, à laquelle la comédienne Stéphanie Schwartzbrod offre une diction sauvagement précise, très particulièrement juste.

Cette correspondance amoureuse, cette poignée de lettres enflammées, cette passion n’a ni passé ni avenir, selon la magnifique exigence de Marina Tsvetaeva : « se souvenir c’est déjà oublier », elle ne veut, elle, que du présent. Pas de distance ; ce qui n’est pas immédiat n’est pas : comment s’aimer au café, par exemple, quand une table nous sépare encore ? La poétesse de L’offense lyrique rêve et crie un vaste temple où les deux intimités mêlées se répandraient ensemble sans frein, qu’elles empliraient dans la plus parfaite insouciance, libres, libérées des errances noires et blanches dans Prague. Respectueux des bienfaits du travail et de la solitude (le jour, pour mieux le soir venu se retrouver), cet amour diablement, joliment envahissant, porte avec lui l’immensité incontrôlable d’une sensibilité poétique des plus ferventes, véritable défi à l’existence, comme au couple (« ne me laisse pas seule avec mes vers »). Serait-il donc tragiquement voué à l’échec ? Il le serait s’il se pliait à la plate linéarité temporelle des histoires ordinaires (linéarité narrative, romanesque, bonne pour l’ironie d’une prose, pas pour l’explosion pure d’un poème) ; mais, on l’a dit, cet amour-ci n’est que présence, sans hier ni lendemains, absolu et fou : l’échec n’entre pas dans sa métrique autarcique. Le temps et la séparation viendront bien ajouter leur couche épaisse au limon de désespoir qui tapisse déjà les tréfonds de l’âme mouvementée de Marina Tsvetaeva, mais cet amour, l’amour, son amour, y reste précieusement étranger.