Mon super abécédaire : mille mots et plein d’autres choses

Mon super abécédaire  : 1000 mots et plein d’autres choses
Julien Rosa
Seuil Jeunesse, 2011

De l’alligator au zig-zag

par Christine Moulin

Voilà un abécédaire qui se prend pour un dictionnaire ou un imagier. Mais foin des subtilités génériques ! Le plaisir est là car à chaque lettre correspond une double page qui fourmille de mots et de dessins. Enfin, presque … car en fanatique du genre, j’ai foncé vers les terribles lettres « w, x, y, z » : las ! elles sont rassemblées sur une même double page et les items se font rares ! On n’échappe pas au sempiternel xylophone ni au yack éculé. De même la lettre « k » décline képis, kiwis, koalas et kangourous mais laisse place, il est vrai, au ketchup, un peu moins attendu !

L’originalité de cet abécédaire ne réside pas forcément, on l’aura compris, dans les mots choisis (quoique bédétiste ne soit pas particulièrement fréquent !)  mais dans le parti pris indiqué par le sous-titre : Mille mots et plein d’autres choses. C’est le « plein d’autres choses » qui promet de longs moments délicieux, passés à examiner les illustrations, foisonnantes mais homogénéisées par la présence exclusive d’animaux.

Ce qui peut également amuser, c’est la volonté de surprendre, par de légers décalages : ainsi, pour le mot affiche, on a bien une affiche, mais collée dans une armoire. Les alpinistes sont des fourmis qui escaladent une grosse pierre. Dans le fauteuil du dentiste est assis un crocodile et le praticien est un diplodocus ! C’est que les images, au lieu d’être posées les unes à côté des autres, font scène et créent une atmosphère joyeuse et loufoque.

Enfin, on peut remarquer que la solution de facilité qui consiste à ne représenter que des objets a été évitée : on a ainsi le droit à des adjectifs comme énorme ou étrange, mais aussi, et c’est louable, à des noms de sentiments comme ennui ou à des verbes a priori peu faciles à illustrer comme oublier.

Bref, cet ouvrage permet sans aucun doute des échanges fructueux entre parents et enfants, perdus dans une même contemplation et une même recherche du petit détail fantaisiste. Mais il me semble que ce livre est à éviter absolument pour la lecture du soir car sinon, on n’est pas près d’être couché !