Chroniques de l’Université invisible

Chroniques de l’Université invisible
Maëlle Fierpied

L’école  des loisirs (
Médium), 2010

L’école des mutants

 par Chantal Magne-Ville

uni inv.pngCes chroniques se déroulent dans un futur relativement proche. Elles retracent l’histoire de plusieurs adolescents qui ne se connaissent pas au début mais ont la particularité de posséder des pouvoirs cachés : Mélusine, une « Penseuse », est capable de lire dans la tête des autres, par télépathie, Tristan utilise son don pour détrousser les passants, Framboise, une « Voleuse » peut repousser les objets par la seule force de son esprit et les faire voler par télékinésie. Ils sont kidnappés par des ravisseurs non identifiés et se trouvent réunis sur une île indétectable, dans un monde parallèle : ils sont devenus membres de l’Université invisible qui leur apprendra à cultiver leurs pouvoirs. On a effacé leur souvenir de l’esprit de leurs proches. Ils se trouvent pris au cœur d’une guerre entre l’Université invisible et un groupe de vampires qui ont rompu leur pacte de non agression.

L’intérêt du livre réside sans doute moins dans l’univers d’héroïc fantasy que dans les multiples clins d’œil à la culture. L’onomastique est particulièrement riche : les personnages empruntent leur nom à tous les continents (Moustafa, Vasco), à toutes les époques (Sophocle, Garibaldi, Dante) ou évoquent les étoiles (comme Alioth). Ils sont formés dans une Médersa. L’un des vampires vient de Bachkirie. Le personnage de Garibaldi et sa troupe d’enfants voleurs n’est pas sans rappeler Dickens. Plus que les pouvoirs des héros, ce sont les rebondissements de l’intrigue qui tiennent en haleine avec de nombreux retournements de situation, malgré un épilogue peut-être un peu artificiel. Si l’intrigue est un peu difficile à saisir dans les premiers chapitres, à cause de l’adoption d’un point de vue interne pour les différents protagonistes, la peinture psychologique des personnages est empreinte d’une grande vérité et les interrogations des héros sur le sens de leur vie et leur filiation savent toucher le lecteur.

Le roman fait de nombreux clins d’œil à l’univers des jeux vidéo, avec une imagerie parfois convenue notamment dans la peinture des vampires ou les expériences menées sur les prisonniers, mais c’est une science fiction efficace qui renvoie à de véritables interrogations sur le contrôle que la société peut avoir sur les individus et sur la nécessité pour l’individu de protéger sa pensée.

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