Chant d’hiver
Giorgio Volpe et Paolo Proietti
Passepartout 2025
Le plus beau des cadeaux de Noël
Par Michel Driol
Dans la forêt enneigée, Volpetto le renard et Basile le petit blaireau jouent. Ils regrettent l’absence de Lino le loir, qui hiberne. Toutefois, ils pensent à lui et décorent l’extérieur de sa maison. Le matin de Noël, Allegra la mésange réveille Lino qui va, sans bruit, déposer deux noisettes en cadeau près de Volpetto et Basile.
On retrouve Lino, Volpetto et Basile, que l’on avait déjà croisés dans Avant de dormir et Un deux trois, dans un album hivernal plein de douceur et de poésie. Douceur des illustrations, bien sûr, de cette neige blanche qui envahit tout, qui tombe à gros flocons sur les pages de garde. Paysages enneigés qu’on dirait sortis d’une carte de vœux idéalisant une forêt magique, rêvée. Poésie du logis de Lino, une cafetière à l’ancienne, blanche à l’extérieur, aux couleurs chaudes à l’intérieur. Poésie de ce petit loir qui dort dans une chambre si confortable, avec, dans ses bras, son doudou, à l’image de Volpetto. Pleines de qualité, les illustrations donnent à voir un univers tout en délicatesse, où cohabitent deux animaux au naturel, et un autre, anthropomorphisé, Lino.
Fait rare dans les albums jeunesse, le texte privilégie l’imparfait, un temps qui place le lecteur dans le confort douillet du temps long, de cette saison où tout semble ralenti et le plus que parfait, un temps qui marque l’installation déjà effective de l’hiver. Le texte – chose plus fréquente en littérature pour la jeunesse – joue aussi sur le dialogue, un dialogue qui permet d’évoquer le passé, les jours heureux où les amis étaient trois. Des propos qui se font nostalgiques, marquant l’absence, le regret de jeux et de rires. C’est peut-être ce qui donne une grande valeur à cet album, cette façon de célébrer l’amitié, faite à la fois du respect de l’autre, dans ses singularités – fussent-elles celle d’un loir qui hiberne -, du souci qu’on prend de lui, même s’il est empêché – et c’est la décoration de sa maison – mais aussi de tous ces petits gestes cachés. C’est Lino qui semble avoir demandé à la mésange de bien le réveiller le matin de Noël pour aller, en pleine nuit, offrir quelque chose à ses amis. Un cadeau plein de tendresse, un petit rien, deux noisettes, mais qui n’a pas de prix quand on sait ce qu’il y a d’attention aux autres derrière ce petit geste.
Un bel album émouvant pour rappeler le prix de l’amitié et la valeur des cadeaux, et inviter à penser, le jour de Noël, à tous ceux qui ne sont pas là.










