Marmelade et Mirabelle

Marmelade et Mirabelle
Marie-Lou Hainsellin
Gallimard jeunesse, 2025

Amies amies

Par Anne-Marie Mercier

L’amitié, c’est bien, mais il ne faut pas que cela enferme. La complémentarité, c’est magnifique, mais il ne faut pas que cela ampute. La fable de Marmelade et Mirabelle illustre cela, par l’exemple, sans en faire une leçon.
Les deux souricettes vivent chacune des deux côtés d’un pont. Elles se ressemblent et ont les mêmes goûts. Elles se voient tous les jours. Mirabelle attend son amie en préparant une pâte à tarte tandis que Marmelade cueille en chemin les mûres qui la garniront. Leur emploi du temps est immuable : confection de la tarte, lecture, thé et cueillettes dans les bois.
Cela dure jusqu’au jour où le pont est détruit par un orage. Elles s’envoient des messages longtemps et puis un jour les messages de Mirabelle n’arrivent plus. De loin, Marmelade voit qu’elle a des visites. Chagrin, dépit, elle s’enfonce dans la tristesse puis finit par explorer autour de sa maison loin des sentiers habituels, trouver des mûres, et profiter des trésors d’émotions amassés dans sa maison.
Jusqu’au jour où la fin, heureuse comme il se doit, ramène Mirabelle, avec une explication de son silence. Depuis les deux amies sont à nouveau heureuses mais elles ont tiré les leçons de cette expérience. Dessins mignons, un peu démodés, jolies tartes et superbes mûres, couleurs en camaïeu, c’est charmant.

Je déteste tout !

Je déteste tout !
Sophy Henn
Saltimbanque éditions

Allô Maman, bonbons…

Par Anne-Marie Mercier

On pourrait penser (avec raison) que cet album est moralisateur, puisqu’il vise à dénoncer le nihilisme de certains enfants irascibles. En effet l’un des personnages répète les mots du titre avec des variations, mais sera bien obligé de convenir qu’il aime certaines personnes (son interlocuteur), certaines choses (les bonbons), certaines activités (se déguiser), pour ajouter « je déteste tout le reste ». Enfin, à bout d’arguments, il finira par convenir qu’il a oublié les raisons de sa mauvaise humeur et qu’en réalité il aime tout… ou presque. Ouf !
L’attrait de cet album est ailleurs : dans les expressions comiques données à ces deux petites formes (des fantômes), dans l’accumulation des plaisirs évoqués (un peu conventionnels, mais soit : le football, les gâteaux, sa maman ­ ­– jolie représentation d’une maman stéréotypée mais en fantôme –, et, comble de la mièvrerie en littérature de jeunesse, les bébés lapins.).
Les couleurs vives, l’exagération des propos et le jeu sur les tailles de caractère en feront un moment joyeux de lecture partagée. L’essentiel, et ce que les enfants retiendront sans doute, n’est pas la leçon mais le plaisir de l’outrance et du renversement.

Pour un propos plus radical, on peut revenir à l’album de Martha Alexander, Tant pis pour ma vilaine maman, Anthracite, publié chez Duculot en 1981.

Petit Papa Noël

Petit Papa Noël
Thierry Dedieu
Seuil 2025

Noël en noir et blanc

Par Michel Driol

Le refrain de ce classique chanté par Tino Rossi, Petit Papa Noël revient, à destination des enfants de 0 à 3 ans, avec des illustrations de Thierry Dedieu dans la collection d’albums cartonnés  bon pour les bébés.

Un Père Noël goguenard, à l’œil vif et pétillant, dans des illustrations en ombres chinoises qui sont le propre de cette collection de format géant. L’imaginaire traditionnel est bien là, avec le traineau, les rennes, les jouets (où bilboquet et ballon font bon ménage avec console et fusée), la cheminée… Quant aux lutins, ils apportent au père Noël bottes, bonnet et gants.  Les illustrations dynamiques, qui vont à l’essentiel, sont facilement décodables par les plus petits auxquels cette collection s’adresse.

Une chanson revisitée avec humour par Thierry Dedieu dans un style graphique d’une grande simplicité qui respecte la vision traditionnelle de Noël.

Au bout des pieds

Au bout des pieds
Marie Poirier
(Les Grandes Personnes) 2025

D’un chemin à l’autre

Par Michel Driol

Les enfants connaissent bien  la concaténation J’en ai marre/ marabout… ou encore la comptine Derrière chez moi, savez-vous quoi qu’y n’y a … Marie Poirier reprend ce principe, pour entrainer le lecteur au bout des pieds, puis au bout du chemin, au bout du caillou… au bout du livre où il y a toi, et on recommence avec au bout des pieds qui conduisent à un autre chemin.

Une proposition par page, qui se clôt sur au bout de…, la réponse étant donnée page suivante, un dispositif et une structure syntaxique répétitive rassurante destinée aux plus petits, dans un livre solidement cartonné. On accompagne ainsi une première découverte du monde, l’air, le caillou, la graine, le jardin, la maison dans laquelle se trouve le lecteur et le livre, comme pris entre deux chemins, celui qui conduit à la maison, celui qui en part, comme une invitation à continuer cette exploration infinie du monde.  Le graphisme est coloré, réduit au minimum pour donner à voir du concret, le jardin, la maison, mais aussi du  moins visuel, comme l’air. L’ensemble tient quelque part de l’imagier, un imaginer qui fonctionnerait par métonymies successives organisées autour du corps de l’enfant, présent au début, au milieu et à la fin, dans une sorte de mouvement perpétuel qui joue sur la répétition et la nouveauté. On peut lire là tout un programme éducatif, dans lequel se conjugue la découverte du monde environnant avec la stabilité rassurante.  C’est simple, plein de charme et de poésie, et donne envie de lire et de relire pour faire sien le texte tout en tournant les pages.

Un album destiné aux plus jeunes, pour stimuler la curiosité, l’envie de parcourir l’un après l’autre les chemins de la vie, et de s’intéresser à ce qui est plus loin que le bout de ses pieds… ou de son nez !

Histoires toutes bêtes, Service Premium

Histoires toutes bêtes
Antonin Louchard
Seuil jeunesse, 2025

Service Premium
Antonin Louchard
Seuil jeunesse, 2025

Bêtes obstinées

Par Anne-Marie Mercier

Antonin Louchard est le maitre de l’absurde enfantin. Dans ce recueil de six petites histoires présentant les mêmes personnages, animaux parlants, à peine anthropomorphisés, on voit des situations catastrophiques qui se terminent pour la plupart en queue de poisson.
Dans « Je veux voler » un oisillon sur une branche appelle le grand oiseau qui vole au-dessus de lui et qu’il nomme « papa » pour qu’il lui apprenne à voler : appels, énervement, plaintes, menaces… rien n’y fait, jusqu’au moment où à force de s’agiter l’oisillon tombe… et adapte sa stratégie.
Dans « Je suis un lion », un petit canard qui se prend pour un lion rencontre un crocodile : « tu sais que tu joues avec ta vie », lui dit-il… On ne dira pas la fin, étonnante et hilarante (mais personne n’est mangé !).
Dans « Supercagoule », une poulette qui marche dans un bois enneigé, portant bien à contrecœur une cagoule tricotée rouge (et qui gratte) et des lunettes, rencontre un loup qui veut la manger : qui gagnera ? la poule, bien sûr.
Dans « Patate », un chien (appelé Patate) refuse de rapporter la balle, le maitre s’énerve, créant le chaos, le chien reste stoïque, à un détail près.
Le « Répétou » est un cauchemar que bien des enfants connaissent et pratiquent : chaque fois qu’on lui parle, il répète les derniers mots… et c’est contagieux.
Quant à l’histoire de Cui-cui le petit chien, elle présente le cas d’un chien qui ne sait plus aboyer et ne peut dire que « cui-cui », jusqu’à ce qu’on l’emmène chez un orthophoniste pour animaux où il retrouve d’autres espèces minées par un problème similaire. Il sort guéri, enfin, presque…
Ces personnages animaux tout simples et ronds, la plupart du temps sans accessoires, ont du caractère et avancent sur une ligne et un décor simplissime dans les doubles pages, de la gauche vers la droite, bravement jusqu’au bout. C’est tout bête et d’une logique imparable.
Service Premium, dans le même format carré, reprend les mêmes personnages. Ceux-ci font la queue (on ignore pour quoi jusqu’à la dernière page) et empêchent le petit canard pressé et porteur d’un colis urgent de les doubler, caquetant sans fin d’idées reçues en phrases convenues. Coiffé d’une casquette rouge et portant un sac à dos et un mégaphone rouges, celui-ci, dont on découvre qu’il s’appelle Jean-Claude, révèle à la fin sa mission, cruciale pour ceux qui font la queue devant les toilettes… Un peu de scatologie fait toujours rire les enfants, et si l’on y ajoute de la comédie sociale et de l’absurde c’est encore mieux.

 

Les Cheveux de M. Fiorello

Les Cheveux de M. Fiorello
Cecilia Ruiz
Traduit (anglais, USA) par Marie-Andrée Dufresne
Les 400 coups, 2025

Cheveux au vent, une histoire de temps

Par Anne-Marie Mercier

Monsieur Fiorello (on devine son origine italienne par son patronyme et par d’autres détails, à l’image) a beaucoup de cheveux tant qu’il est jeune. Biker, rêveur, coquet, il en prend grand soin. Mais le temps finit par faire son œuvre, et il ne lui reste plus que trois cheveux, dont il essaie de se débarrasser…
Cette histoire qui peut sembler mince et commune est pourtant porteuse qu’un grand drame que bien souvent l’album pour enfant ignore, celui de la transformation du corps après l’adolescence. Ici, c’est la perte des cheveux qui crée la situation, mais celle-ci, plus globalement, évoque la perte de la jeunesse et le fait de renvoyer aux autres une apparence peu flatteuse, qu’on n’accepte pas. C’est tout le cheminement d’un homme, de la consternation à la révolte puis à l’acceptation qui est présenté.
Tout cela se fait sans drame : le visage tout rond de Monsieur Fiorello, ses mimiques et ses tentatives pour dompter le sort avec différents couvre-chefs rendent le récit en images drôle et attendrissant. Cette rondeur s’inscrit dans toutes sortes de cadres, portes ou fenêtres, comme autant de mandalas, avant la libération par les courbes dans des scènes marquées par la gaieté, la fête, et le goût du vivant – Fiorello vient du mot « Fleur » en italien.
Les images dont les tons s’éclaircissent progressivement sont imprimées avec de légers décalages qui évoquent les impressions en quadrichromie d’antan. C’est un bel hommage au père de l’artiste, comme l’indique sa dédicace, et cela fera certainement rire les enfants qui ne se sentiront pas concernés avant une éternité.
On peut feuilleter ce livre pour découvrir la subtilité des illustrations sur le site des 400 coups, maison canadienne, nous apportent encore une fois de la nouveauté.

Les Secrets du Père Noël

Les Secrets du Père Noël
Saskia Gwinn – Daria Danilova
La Martinière 2025

A la découverte de la magie de Noël

Par Michel Driol

En plus de vingt-cinq chapitres, l’album explore des contenus liés à Noël, allant du costume du père Noël à la poste du pôle Nord, en passant par les sapins, la cuisine, et les lutins. Une exploration de tout ce qui constitue l’imaginaire de Noël, un imaginaire lié au personnage du Père Noël. De ce fait les origines de la fête liée au solstice d’hiver et à la Nativité sont exclues.

L’album joue sur le mélange entre l’imaginaire et le documentaire. Ainsi se côtoient des informations exactes (sur l’origine de la fête autour  de la légende de Saint Nicolas, sur l’histoire des jouets depuis la préhistoire, ou sur la gastronomie de Noël dans les différents continents) et une approche plus ludique, féérique, poétique ou merveilleuse (comment fonctionne la poste du pôle Nord, le rôle de la mère Noël, ou la technologie du traineau).  L’ensemble constitue donc une riche encyclopédie qui allie réel et fiction, avec de superbes illustrations pleines de détails. Des illustrations qui jouent sur le réalisme de la représentation avec un côté quelque peu rétro dans les dominantes de couleur vert et marron, de rouge aussi, bien sûr ! A la façon des documentaires, plusieurs planches montrent des cartes, des plans, des écorchés de bâtiments, que l’on prend plaisir à parcourir attentivement .

L’ensemble est, bien évidemment, placé sous le sceau du secret, celui du serment S.A.P.I.N. (on laissera au lecteur curieux le soin d’en savoir plus !), comme une façon de ne pas vouloir tout révéler, tout dire, et de préserver une magie de Noël, faite d’un voyage improbable dans un traineau tiré par des rennes tout autour de la terre et de cadeaux offerts aux enfants. Pour conserver cette magie, et conférer plus d’authenticité aux faits rapportés, le narrateur de l’album n’est autre que le lutin en chef.

On ne peut que saluer l’originalité de l’ouvrage, qui montre que, même sur un sujet aussi rebattu que les albums de Noël, les autrices savent faire preuve d’imagination pour renouveler le genre, tout en s’inscrivant dans une tradition bien établie, en mêlant ici humour et indications sérieuses, magie et réel. A l’image du Noël tel que les enfants le perçoivent, tant qu’ils n’en ont pas percé la triste réalité commerciale.

Tout feu tout flamme

Tout feu tout flamme
Julia Chausson
À pas de loups, 2025

Déclarations d’amour en métiers

Par Anne-Marie Mercier

Ce grand album apparait comme une sorte de livre d’artiste dans lequel l’autrice des images se serait donné toute latitude, autant sur le plan du graphisme que de la mise en couleurs. Les images en pleine page, imprimées avec la technique de la gravure sur bois, sont splendides. Elles proposent une grande variété de couleurs, où les teintes des fonds contrastent avec celles qui donnent forme aux personnages.
Ceux-ci, représentés de façon stylisée représentent différents métiers : pompier, facteur, jongleur, footballeur, professeur, marchand de glaces, auxiliaire de vie, coiffeur, guide touristique… On peut remarquer que de nombreux métiers sont portés de manière non conventionnelle par des femmes (présidente, footballeuse, grutière, etc.) et d’autres par des hommes (puériculteur, accompagnant).
Le propos dépasse le simple but de faire un catalogue de métiers : chaque image est accompagnée d’une phrase en forme de déclaration d’amour : « tu me rends flou (pour l’opticienne), « j’écoute les battements de ton cœur » (pour le médecin), « tu m’as pris dans tes filets » (pour le pêcheur)…
Livre pour amoureux, catalogue d’expressions lexicalisées, belles images à contempler, il peut séduire plusieurs publics.
Voir le site de l’autrice, qui a illustré la collection des « petits chaussons » chez Rue du monde, pour de plus jeunes lecteurs.

 

 

 

 

L’Étonnante Histoire de l’homme le plus lent du monde

L’Étonnante Histoire de l’homme le plus lent du monde
Arthur Dreyfus, Sim Mau
Rue du monde, 2025

Le rythme des autres

Par Anne-Marie Mercier

C’est le fils de l’homme le plus lent du monde qui présente son père, avec tendresse et humour. Celui-ci fait tout très lentement : manger (la semoule, c’est graine après graine), parler (il commence des phrases et n’a pas le temps de les finir ; ce n’est qu’à la fin qu’on saura ce qu’il voulait dire), pleurer, se laver (il y a la queue devant la salle de bains), s’habiller, etc. On devine l’entourage un peu agacé… Il semble se consoler avec un animal de compagnie, c’est justement une limace. Un jour, après la mort de la limace, il part mais avant de partir il arrive à finir cette phrase toujours laissée en suspens… (« je t’aime »).

C’est un beau portrait, celui d’un père un peu lunaire, inadapté, puis d’un père absent, et pourtant très présent dans les souvenirs de son fils. L’histoire serait tragique sans les dessins qui introduisent du comique dans toutes les situations. Rue du monde semble quitter le terrain militant et mondialiste pour s’intéresser à une micro histoire. Pourtant c’est bien un éloge de la tolérance qui peut se lire ici. Si « l’enfer, c’est le rythme des autres » (Henri Michaud), accepter ce rythme serait le début du paradis et une belle preuve d’amour.

Le Voleur de la reine : Le Voleur (t. 1), La Reine d’Attolie (t. 2)

Le Voleur de la reine : Le Voleur (t. 1), La Reine d’Attolie (t. 2)
Megan Whalen Turner

Traduction (anglais, USA) par Yoko Lacour
Monsieur Toussaint l’aventure, 2025

Un cadeau pour les grands ados : une nouvelle Saga au long cours

Par Anne-Marie Mercier

Non, les « beaux livres » ne sont pas uniquement des documentaires ou des ouvrages sur l’art en grand format. Les romans peuvent entrer dans cette catégorie. Les éditions de Monsieur Toussaint nous en proposent un, et même plusieurs. Cette maison soigne particulièrement les couvertures et la reliure de ses livres, on l’a vu récemment avec la belle traduction de Frankenstein par Marie Darrieusecq. Avec Le Voleur, on a l’impression d’avoir entre les mains un livre imité des anciens livres de prix qui récompensaient les bons élèves en fin d’année : couverture rouge cartonnée et gaufrée, comme le joli dos. Bon papier… et chaque volume (il y en a deux parus sur les six de la série) présente un détail d’un tableau de la Renaissance (Holbein pour le second), cadrant des personnages en habit de cour au niveau de l’abdomen : mains et ventre (le siège des passions) sont au centre… comme dans l’histoire qu’on va lire.
Il faut dire que ce roman d’aventure vise à devenir un classique en France, comme, paraît-il, il l’est devenu aux États-Unis, où le premier volume a été finaliste pour la médaille Newbery Honor en 1997. Œuvre ample (six tomes prévus), elle relève de la fantasy et en reprend les codes : des royaumes imaginaires à l’allure médiévale sont au bord de l’affrontement, à moins d’obtenir une alliance par un mariage que certains, et surtout certaines, semblent redouter. Leurs roi et reines sont des êtres mystérieux et dangereux, leur cour est mystérieuse, mais moins que le héros, le voleur qui donne son titre au premier volume.
Tout jeune au début de l’histoire, on le découvre emprisonné par le roi de X. Il en est libéré par le mage qui sert ce roi et obligé de le suivre afin de dérober au royaume de Z (l’Attolie) un mystérieux talisman qui permettrait à ce roi d’obliger la reine de Z à l’épouser afin de s’emparer de ses terres. Enfin, le voleur est le Voleur officiel de la reine de X et il sait bien que lorsque les deux pays qui encadrent le petit royaume montagneux de sa reine seront unis, ils ne feront qu’une bouchée de celui-ci. Vous suivez ?
En outre, il y a les Mèdes qui rôdent… ce nom est celui d’un ancien peuple de l’Iran et les guerres médiques désignent le combat des cités grecques contre l’empire Perse (auparavant conquérants de l’Anatolie, de Babylone, de la Palestine et de l’Égypte), à la fin du cinquième siècle avant notre ère. L’univers de référence est ainsi un mélange de médiévalisme et de Grèce antique : des petites cités s’affrontent jusqu’au moment où un empire voisin les convoite; les combats se font par terre et par mer. On relate des mythes bien connus (dont l’histoire d’Hadès et de Perséphone, avec d’autres noms), les dieux interviennent dans les songes des personnages, et parfois de façon plus concrète, comme chez Homère, donnant une touche de fantastique discrète d’abord, puis de plus en plus présente à l’aventure. Les rois et reines ne sont pas des anges, et sont capables de tout, alors que le Voleur, lui refuse de se battre et essaie de n’agir que par la ruse, un peu comme Arsène Lupin.
Il y a aussi un peu du premier cycle de l’Assassin royal (Robin Hobb, Farseer Trilogy, 1995-1997) avec cette idée d’une lignée de voleurs servant un trône, un peu de Game of Thones avec ces royaumes tantôt alliés tantôt ennemis et cherchant des alliances apr mariages, et un air d’originalité par une narration particulière : le temps et l’espace s’y étirent, les moments d’action étant encadré par de longs passages relatant des attentes (prison, maladie…) ou des déplacements : l’odeur du vent, la végétation, le chemin, de nombreux détails sont donnés, nous immergeant avec ce voleur très particulier dans ce monde dont nous apprenons la géographie, l’histoire et les mythes en cheminant.