Le Dernier des aigles (les trois légions, III)

Le Dernier des aigles (les trois légions, III)
Rosemary Sutcliff
Gallimard (folio junior), 2013

La Chute de l’empire romain, vu de (Grande) Bretagne

Par Anne-Marie Mercier

LedernierdesaiglesPublié en 1959 et traduit pour la première fois en France en 2013, dernier volet en poche de la série consacrée à la présence des légions romaines en Grande-Bretagne, cet ouvrage est aussi le plus sombre. Il présente un tableau crépusculaire de la civilisation représentée par les Romains en situant son action au moment les dernières légions quittent l’île, laissant les habitants à la merci des Saxons et des pillards venus de Scandinavie. Le héros, jeune au début de l’histoire, déserte pour rester auprès de sa famille et la défendre. Il échoue dans ce projet comme il échoue dans beaucoup d’autres et l’amertume et la solitude deviennent le fond de son caractère sans que les événements qui auraient pu l’infléchir (comme le mariage et la naissance d’un enfant) modifient cela – du moins sur l’essentiel du roman. On est loin de la jeunesse et de l’enthousiasme du premier volume dont l’adaptation cinématographique est assez récente (L’aigle de la neuvième légion) mais plutôt dans une aggravation de l’atmosphère de fin de règne du deuxième volume, L’Honneur du centurion.
C’est un monde sauvage, cruel et brutal, un monde de guerriers, que ce soit en Scandinavie où le héros est emmené comme esclave, ou en Grande-Bretagne chez les  les Celtes ou à la cour du roi Ambrosius Aurélianus, roi légendaire qui a précèdé Arthur. Encore plus que dans les autres ouvrages de la série, Rosemary Sutcliff consacre de nombreuses passages à la description de la nature, une nature souvent mouillée et forestière, ou aux sensations des personnages, à leur rapport avec les animaux et notamment les chevaux, et à la nostalgie d’un empire qui ne laisse que des ruines. En voici un exemple :
« la grande rue de Durobrivae qui gravissait la colline s’étendait sous les yeux d’Aquila, désertée dans le soleil du soir. La ville avait dû se vider peu à peu pendant des années, tombant progressivement en ruine comme il arrivait aux cités les plus proches du pays saxon et à présent, les quelques personnes qui y étaient restées avaient fui vers l’Ouest.[…] Plus rien de vivant dans Durobrivae, à part un chat jaune à demi sauvage assis sur un mur. Un tel calme que l’ombre d’un goéland filant sur le pavé prenait de l’importance ». (p. 247 )

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