Un Monde sauvage

Un Monde sauvage
Xavier-Laurent Petit

L’école des loisirs, 2015

« Tiger, tiger, burning bright in the forests of the night »

Par Matthieu Freyheit

un-monde-sauvageL’histoire se déroule dans la taïga russe, non loin de la frontière chinoise. Elle aurait pu se passer partout ailleurs sur le globe avec la même justesse, la même résonance. Après tout, en mars dernier, le monde s’émouvait de l’assassinat de l’activiste écologiste hondurienne Berta Caceres – le cimetière des écologistes assassinés s’agrandissait encore, tandis que s’étend celui des animaux braconnés (on se souvient là aussi, en juillet dernier, du braconnage du lion Cecil au Zimbabwe, ayant suscité de vives réactions restées, comme toujours, vaines).

Dans cette partie isolée de la Russie, Felitsa accompagne sa garde-chasse de mère dans certaines de ses tournées. Ce printemps-là, Alissa l’emmène sur les traces de Miss Infinity, une tigresse ayant mis au monde deux bébés. Le trio, on s’en doute, est une prise inespérée pour les braconniers qui, passée la frontière chinoise, pourront changer la mort en or. Face à leur nombre, à leurs moyens, et à l’acharnement que constitue l’appât du gain, Alissa semble bien démunie.

Pour Felitsa, l’été des deux antagonismes que sont la traque et la préservation est aussi celui du basculement de sa vie : dernier été passé dans la taïga avant de rejoindre ‘la ville’ pour y poursuivre son instruction, été de la confrontation avec l’image d’elle-même grandissant, été où se révèle l’adolescence faisant d’elle la proie des colères aussi bien que du sentiment amoureux. Entre les glaces et la fournaise de la taïga, c’est l’adolescence elle-même qui, chez Xavier-Laurent Petit, fait entrer Felitsa en wilderness, par la vie et par les livres.

 

 

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