Quand la comtesse de Ségur vit bruler Moscou

Quand la comtesse de Ségur vit bruler Moscou
Lorris Murail
ScriNeo (Il était un jour), 2015

Histoire d’histoires

Par Anne-Marie Mercier

La comtesse conte… Elle raconte à ses petites filles, les futures petites filles modèles pour qui elle n’a pas encore écrit ; elle livre des histoires de son enfance.

Fille d’une mère francophile pendant l’invasion française de Napoléon, elle a été prise entre deux admirations, deux cultures. Comme tous les habitants de Moscou, elle a dû fuir avec sa mère et sa sœur en emportant très peu, tandis que son père, gouverneur de la ville, attendait les troupes ennemies. Elles attendent à Iaroslav où l’on voit arriver de nombreux prisonniers. Plus tard, elles voient le ciel devenir rouge : Moscou brûle pendant des jours. On dit que c’est leur père qui a mis le feu…

Les deux sœurs écoutent le récit d’un soldat français prisonnier à qui elles apportent des victuailles. Ses émotions reviennent au fur et à mesure qu’il raconte, de même la narratrice, la comtesse, revit les évènements. Parmi ceux-ci, il y a un autre incendie – auquel elle n’a pas assisté mais qu’elle vit comme si elle avait été présente –, celui de leur maison chérie de Voronovo, avec ses jouets, son âne, la poupée de cire, la fin de l’enfance…

Lorris Murail met en scène ainsi la naissance d’un écrivain. En effet, c’est à partir de ses souvenirs que sont nés le général Dourakine, les enfants, l’âne, les paysans ; il s’agissait pour elle de faire revivre le monde de son enfance, et d’extraire du feu et de la guerre les moments de bonheur. Pari didactique parfaitement réussi : en un épisode on voit aussi bien le temps du contage que la vie et la veine de l’auteure.

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