L’Aube sera grandiose

L’Aube sera grandiose
Anne-Laure Bondoux
Gallimard jeunesse, 2017

Auto-fiction fictive

Par Anne-Marie Mercier

Anne-Laure Bondoux livre ici un livre ambitieux, comme toujours, dense, parfois cruel. Elle met en scène une fille, adolescente, Nine, et sa mère Titania, écrivaine. Mais Titania n’est pas Titania : ce prénom est un pseudo qu’elle a présenté comme vrai à tous, même à sa fille. Elle lui a transmis aussi une pseudo histoire de famille, sa première fiction avant de devenir auteure à succès.
Le récit qu’elle fait durant une nuit entière, jusqu’à l’aube, à Nine se présente comme sa vérité, celle de sa naissance, de son enfance, celle de ses deux frères dont Nine n’a jamais entendu parler, et de sa mère que Nine croit morte et qui va apparaître avec eux à la fin de la nuit. Elle livre aussi la raison du secret, met en scène la découverte progressive du secret par Titania et ses frères, maintenant un suspens qui fait que la nuit (et la lecture) passe vite.
Il y a des personnages secondaires formidables (le pompiste, le médecin, par exemple) ; les deux frères sont extraordinaires, surtout l’étrange Orion ; les lieux marqués et marquants. Enfin, il y a le caractère étonnant de la grand-mère et sa destinée qui est un vrai « roman »…
Le charme principal tient à la façon de raconter, entremêlant temps de narration et temps d’échanges, temps de repos et de tension, en attendant l’aube qui poindra au-dessus du lac. Nine, entre colère, inquiétude et révolte, est une auditrice active, prête à jouer sa partie dans ce drame. Elle lui donne tout son relief et amplifie ses enjeux, mettant en valeur les effets d’écho des secrets de famille.

L’Aube sera grandiose a obtenu le Prix vendredi, récompensant un ouvrage pour adolescents ; il est décerné par les éditeurs jeunesse du syndicat national de l’édition.

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