Le Voyage de Fulmir
Thomas Lachavery
L’école des loisirs, 2020
Road movie vers la vie
Par Anne-Marie Mercier
Dans l’ancienne civilisation féérique, la tradition des nains veut que, à l’approche de la mort, ils se rendent vers leur cimetière, un lieu caché où sont entreposés leurs trésors – un peu comme les éléphants, le trésor en plus. Fulmir, âgé de plus d’une centaine d’années, l’âge mûr pour un nain (et les éléphants), se croit appelé vers ce lieu. Il se sent fatigué, en bout de course. Il a fait tous les métiers, a naviguer, il sait monter à cheval, se battre, avec ou sans armes, et a parcouru tout le pays. Bref, il est temps.
Ce « voyage » est donc son parcours. C’est aussi un retour à la vie, qui revient peu à peu : son corps mis en mouvement est de plus en plus alerte. Les rencontres font naitre de nouveaux sentiments et surtout transforment ce qui aurait dû être un lent cheminement intérieur et physique vers le dernier repos en fuite éperdue : pour sauver deux jeunes gens de la mort, Fulmir a blessé un jeune noble. Celui-ci cherche à le retrouver pour se venger et découvre que le mieux est de l’attendre là où il se rend pour, du même coup s’emparer du fameux trésor. La perfidie et la nocivité de l’un est égale à la générosité de l’autre qui, sur son passage, relève et recueille des êtres faibles et abandonnés.
À pied, à cheval, en charrette, en bateau, par bois et champs, montagnes et rivières, Fulmir parcourt tout l’espace d’un pays en guerre, pour tenter d’emmener ses ouailles à l’abri. Dans ce petit groupe qui fuit, le personnage principal est plein de ressources que l’on découvre peu à peu. Il est sympathique, bien qu’un peu bourru tout d’abord ; à travers lui on finit par en savoir beaucoup sur ce monde des royaumes en conflit et sur les organisations politiques diverses qui les entourent ou les ont précédé. Les enfants sont parfaits (reconnaissants, désireux de tout apprendre), les adules discrets, les paysages variés. Les aventures s’enchainent à un rythme soutenu, enfin, c’est un récit bien écrit et une lecture très agréable, où l’action ne faiblit pas, sans entraver cependant la réflexion ou l’émotion.
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