La Honte de la galaxie
Alexis Brocas
Sarbacane, 2021
Une Laureline sans Valérian
Par Anne-Marie Mercier
L’héroïne de ce roman, Meryma, est une rebelle qui a échoué dans une planète poubelle et qui se réfugie dans la Spéculine, une drogue qui nourrit la nostalgie en permettant de revivre des moments du passé, des moments heureux quand on n’en a pas trop abusé, des cauchemars quand on a un peu exagéré. Meryma cherche à retrouver son enfance, sur une planète verte et belle, avec une mère perdue trop tôt et un message de celle-ci qui ne lui est pas resté. En revanche, elle ne cherche pas à retrouver ses heures de gloire en tant que capitaine, pilote virtuose de la Flotte de l’Empire, dans la guerre interminable contre les Patriens, qui implique de nombreuses galaxies.
À 17 ans, Meryma semble avoir sa vie derrière elle et vivre dans une solitude presque complète. Celui qu’elle appelle l’Orphelin, un enfant des rues qu’elle a sauvé, est son seul lien heureux avec le monde réel. Un complot extrêmement complexe la propulse à nouveau aux commandes d’un vaisseau et à la rencontre d’ennemis, certains connus, d’autres inconnus et très mystérieux. Manipulée mais incontrôlable, elle rebondit de défi en défi, d’amour en haine et retour. La liberté, l’indépendance, la poésie des grands espaces, la curiosité inlassable guident Meryma de découverte en découverte et le lecteur avec elle. On rencontre les Patriens, intéressants démocrates clonés, qui luttent contre cet Empire autoritaire dominé par les femmes, on aborde des êtres étranges qui naissent dans des arbres gigantesques, on a du mal à comprendre ce que sont les Veilleurs étranges de Nixte. On voit des planètes exploser, avec tous leurs habitants, des mondes s’effondrer.
Que les espaces infinis sont beaux, même quand ils sont menacés. C’est un magnifique voyage, au long de plusieurs centaines d’années : certains personnages hibernent, mais pas tous en même temps, cela donne des retrouvailles curieuses ; Meryma reste toujours jeune, elle. Enfin, les relations qui l’unissent à son vaisseau, mêlées de complicité et de tensions, sont un charme supplémentaire de cette belle Odyssée du futur, paradoxalement pleine de nostalgie.