Billy – Le Bon, la brute et l’héroïne

Billy – Le Bon, la brute et l’héroïne
Loïc Clément – Clément Lefèvre
Little Urban 2023

Jane, la calamité des bandits !

Par Michel Driol

Quelque part au Far West, à la grande époque, Billy découvre en ville un magnifique cheval. Las, il appartient aux Loveless père et fils, les deux terreurs de la ville. Grâce à une première intervention, la correction de Billy, en pleine rue, par les deux terreurs, est évitée. Mais ne s’en prendront-ils pas au cheval ? Pour le sauver, Jane a une idée… Comme quoi, les filles, elles peuvent être courageuses, malines, et elles méritent bien d’être cheffes de bande !

L’album fait revivre l’univers du western – version Sergio Leone – en l’assaisonnant de thématiques plus contemporaines, le harcèlement à l’école et l’égalité filles-garçons. Clin d’œil à Billy (le Kid) et Calamity Jane, les deux héros sont des enfants qui ont à lutter contre les méchants – manichéisme du western oblige ! Saloon, face-à-face en pleine rue, shérif… tous les ingrédients sont là, qui évoqueront pour les uns des classiques du cinéma, pour les autres Lucky Luke… Le récit, circonstancié, autonome, pris en charge par Billy, le narrateur, occupe le bas des doubles pages, laissant le haut libre pour une image « format cinémascope »  dans lesquelles certains cinéphiles reconnaitront des cadrages archétypaux du western. L’aventure est rythmée, soutenue par un texte qui ne manque pas d’humour dans la façon dont le narrateur, sans illusion sur eux, caractérise les adultes qui l’entourent, mais aussi dans son emploi d’un vocabulaire imagé (mention spéciale pour la tronche de hibou hébété de ce grand cornichon…) – Et que dire du peigne-zizi, mis dans la bouche de Jane, sévèrement reprise par son père pour son langage ! Western, certes, mais western décalé, comme aseptisé pour en gommer la violence latente. Au fil des illustrations, on trouvera ainsi une carotte à la place d’un six-coups à la ceinture ou des carabines à bouchons. On suivra avec délices une histoire dans l’histoire, celle d’un chien qui a dû voler un chapelet de saucisses et les promène d’une page à l’autre. On appréciera aussi la façon dont, par deux fois, les illustrations font place à des dessins d’enfant, pleins de naïveté et d’autres clins d’œil (à la reine des Neiges, libéré, délivré…). Bref, tout ceci est à prendre au second degré !

Restent pourtant trois aspects plus sérieux. La maltraitance à l’égard des animaux contre laquelle s’insurgent les héros. Le harcèlement dont est victime Billy de la part du fils Loveless. Et enfin la place et le rôle des filles. Car c’est bien Jane qui invente le stratagème, l’exécute dans le plus grand secret, et épate le jeune Billy, qui, par certains aspects, a la naïveté, la candeur et la spontanéité d’un petit Nicolas dans ses propos.

Un western pour de rire, aux personnages attachants et au rythme soutenu. De quoi passer un bon moment, ouaip !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *