Entre terre et eau

Entre terre et eau
Eva Moraal, Marieke ten Berge (gravures)
Traduit et adapté (néerlandais) par Catherine Tron-Mulder
Rue du monde, 2024

Tout un monde gravé

Par Anne-Marie Mercier

Cette superbe encyclopédie des animaux est aussi très représentative de ce règne : les uns sont terrestres (blaireau, putois, lièvre et lapin, hérisson, campagnol, d’autres aquatiques (castor, triton, grenouille, taupe, chevreuil…), d’autres aériens (hirondelle, oie sauvage, héron, martinet, faucon, chouette chevêche, gorge bleue à miroir blanc…). Ajoutons quelques insectes (Anax empereur ou libellule, grand sphinx de la vigne), un serpent (couleuvre helvétique), un escargot (le vertigo de des Moulins), et après le parcours de cet album on aura appris bien des choses.
Chaque animal a sa double page, une image pleine page à gauche, le texte à droite (c’est inhabituel et cela montre bien l’importance de celui-ci). Composé en petits pavés de courts paragraphes qui facilitent la lecture, il est rédigé sur un ton alerte, s’adressant souvent au lecteur pour souligner les choses étonnantes ou embrayer dès les premières lignes avec un détail qui va capter l’attention. Par exemple, pour l’avocette élégante : « ne t’inquiète pas, mon aile n’est pas cassée. Je fais juste semblant d’être blessée pour éloigner ce renard de mes poussins ». Ou pour le vanneau huppé : « Eh, toi ! Ne t’approche pas trop de mon nid ! Je vous connais, vous les humains. Pendant des siècles vous êtes venus voler nos œufs pour les manger. Aux Pays-Bas on fêtait même l’arrivée du printemps en présentant au commissaire du roi, au maire ou à la reine, le premier œuf de vanneau huppé ». Quant au martinet il affirme : « je suis un sportif de haut niveau ». L’oie interpelle : « tu as vu ? c’est moi qui vole en tête ».
Parfois avec humour, parfois avec fierté, un peu à la manière de la revue La Hulotte, l’animal révèle les traits essentiels de son espèce : habitat, alimentation, chant ou cri, parade nuptiale et reproduction, élevage des petits, dangers, espace de vie, et pour certains les menaces actuelles liées à l’activité humaine.
On trouve quelques records qui plairont également aux encyclopédistes en herbe, comme celui de la taille du plus grand barrage de castors (800m), le nombres d’insectes attrapés en une journée par le martinet (20 000), ou des bizarreries comme le cri de la bécassine imitant le bruit d’un cheval au galop à la saison des amours, les mœurs curieuses des faeders, sous espèce primitive d’un oiseau appelé combattant varié, etc. tout est passionnant et écrit avec brio.
Mais c’est aussi par ses images que cet album captive. Les gravures de Marieke ten Berge sont magnifiques : belles couleurs, souvent en camaïeu, postures variées des animaux montrés dans leur habitat ou en pleine activité, seuls ou en groupes, tout est beau. L’impression est d’une remarquable qualité, la reliure solide. C’est un livre fait pour durer, n régal pour les yeux et l’esprit, un trésor à mettre entre toutes les mains.

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