Maki veut tout décider

Maki veut tout décider
Claudia Bielinsky
Gallimard Jeunesse 2025

Les malheurs de Maki

Par Michel Driol

Dès la première page Maki – une espèce de petit koala humanisé – l’affirme : il est grand, il va tout décider. Puis on assiste à une série de scènes qui se répètent, avec la même structure. Page de gauche, Maki prend une décision importante : de ne pas manger, de ne pas ranger, de manger tout le gâteau, de jouer sous la pluie… et page de droite, on assiste aux conséquences funestes de ses actions : la faim, la perte du doudou, le mal au ventre, le rhume… Mais tout se termine par un gros câlin, demandé par Maki !

Beaucoup de parents reconnaitront sans doute leur enfant dans Maki, car il est un âge où les enfants veulent décider. Sans doute beaucoup d’enfants se reconnaitront-ils dans les pages de gauche. L’album tente de leur montrer les risques encourus, qu’ils reconnaitront peut-être aussi. C’est donc un album sur l’affirmation de soi, la grande époque des je veux… C’est aussi cela, grandir, vouloir faire ce qu’on a envie de faire, mais aussi apprendre les conséquences de ses actes, apprendre à différer ses désirs, apprendre la frustration. L’album accompagne avec humour les enfants sur cette voie, en leur proposant des situations simples, sans doute déjà vécues, universelles tant les désirs qui y sont exprimés sont courants. L’humour, il vient certes du texte, qui se répète de page en page, créant un comique de répétition, des échos d’une page à l’autre, renforcés par de discrètes rimes. Mais l’humour vient surtout des illustrations, pleines de couleur. Avec beaucoup d’expressivité, les doubles pages montrent l’univers familier de Maki, ses désirs, et ses déboires. Cela joue sur les détails, peu nombreux pour rendre les images lisibles par les plus jeunes. Voyez comme les joues de Maki varient entre plusieurs nuances de rose et le vert de l’indigestion. Ajoutez à cela un personnage muet, un copain peut-être de Maki, un hérisson interloqué, compatissant, apportant une pomme, dégouté par l’odeur de Maki , prêt à lui donner des tonnes de mouchoirs en papier. Personnage secondaire, muet, non pas une figure parentale compte tenu de l’espèce, de la taille, mais figure d’un doudou ou d’une conscience aidante, clin d’œil à Pinocchio ?

Un album plein d’humour pour aider les enfants – et les parents – à franchir cette étape du tout et maintenant, et tenter d’apprendre à envisager les relations de cause à conséquence dans le domaine des actions et des désirs.

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