Eclair et Tonnerre ou l’histoire de deux petites fées intrépides
Kang HAN, Tae Ram JIN
Traduit (Corée) par Kyungran Choi et Pierre Bisiou
Grasset-Jeunesse, 2025
Boum ? flop !
Par Anne-Marie Mercier
On ne peut que s’interroger quand la prix Nobel coréenne de littérature 2024 se met à écrire pour les enfants, car son texte le plus célèbre, La Végétarienne, a fait frémir d’horreur bien des adultes. On sera ici rassuré – ou déçu : elle se contente pour les enfants d’écrire un conte étiologique qui ne bouleversera aucune convention. Celui-ci a été écrit et illustré en 2007. On peut supposer que les éditions Grasset ont souhaité présenter aux lecteurs français un aspect inconnu de cette nouvelle célébrité.
Dans le monde céleste, les pauvres fées travaillent d’arrache-pied pour produire sans fin des nuages. Deux petites fées trouvent ce travail ennuyeux. Elles veulent voir le vaste monde et quittent leurs longues robes ailées pour être plus à l’aise. Le voyage se fera les fesses à l’air donc. Mais ainsi elles ne peuvent plus voler et leur tentative échoue lamentablement (pas très futées, ces fofolles) échec et punition.
Nouvel épisode : une sage fée âgée les autorise à partir (après les avoir fait avoir beaucoup travailler pour le mériter) en les dotant de deux objets, une lance argentée et un tambour. On devine l’usage qu’elles en feront. Tonnerre et éclair forment une jolie musique et elles s’amuseront éternellement comme des petites folles qu’elles resteront (elles ne vieillissent pas, elles).
Le récit est faible et peu convaincant; je ne sais pas si cette histoire relève d’une tradition ou d’une invention. Les illustrations un peu fades ne le sauvent pas de cette tiédeur. Ainsi, un écrivain célébré, novateur quand il écrit pour les adultes, peut produire des œuvres conventionnelles quand il écrit pour les enfants, ce n’est pas un cas rare, hélas.