Le Garçon en pyjama rayé

Le Garçon en pyjama rayé
John Boyne, ill. Olivier Jeffers,
trad. Catherine Gibert
Gallimard Jeunesse, 2023

  Les camps de concentration vus par un enfant

 Maryse Vuillermet

Pour ceux qui, comme moi, ne l’avaient pas lu à sa sortie il y a dix ans, cette réédition pour les 10 ans illustrée par Olivier Jeffers et préfacée par l’auteur est un cadeau car le roman opère encore avec puissance.
Il raconte l’histoire d’un jeune allemand qui mène une vie heureuse à Berlin avec sa sœur et ses parents dans une très belle maison, mais c’est la guerre et le père est militaire, d’ailleurs, ils reçoivent parfois à dîner le fourreur. Le père, par une promotion intéressante est envoyé très loin à la campagne.  La famille doit déménager dans une maison assez sinistre, à proximité d’un camp entouré de barbelés.
Le héros, Bruno, voit de la fenêtre de sa chambre dans le camp, des silhouettes en pyjama rayé.  Il s’ennuie, regrette ses amis de Berlin, n’aime pas ses cours particuliers et cherche toujours à mener de petites enquêtes.  Ainsi, il se rend près des barbelés et rencontre un enfant de son âge, en pyjama rayé, très triste et très maigre.  Une amitié se noue entre les deux jeunes.  Bruno se plaint beaucoup de sa vie actuelle, le garçon en pyjama rayé ne se plaint pas mais lui demande de lui apporter à manger.
Un jour, Bruno aidé par le garçon en pyjama rayé, rentre dans le camp, il passe sous le fil de fer barbelé et la suite est inoubliable …
C’est un roman d’une très grande puissance, on comprend assez vite ce qu’est ce camp, et ce que sont ces silhouettes en pyjama rayé mais l’enfant lui, à son époque et dans son milieu, ne peut encore le concevoir. Son innocence est tragique.
Les illustrations d’Olivier Jeffers, en montrant des silhouettes effarées, maigres, isolées, des militaires grands et tout puissants, et l’enfant si seul et si petit, participent à notre sentiment d’horreur impuissante.