Bulles de savon

Bulles de savon
Emma Giuliani
(Les Grandes Personnes) 2015

Je me souviens…

Par Michel Driol

Sur le modèle des « Je me souviens »  de Georges Perec, Emma Giuliani propose ses « Je n’ai pas oublié », comme une manière de signifier la présence du passé. Un passé lié à l’enfance, bulles de savons, cerises, sapin à décorer ou cerf-volant. Autant de petites choses, de petits rien à la fois éphémères, intemporels et gagnant ainsi une sorte d’éternité.

Ce sont autant de phrases courtes, qui juxtaposent les groupes nominaux du souvenir,  dans une forme de poésie soulignée par les rimes qui assurent un écho entre les réminiscences. Les propositions suivent les saisons ; l’été avec les cerises, la rentrée avec les fournitures scolaires, les marrons de l’automne, l’hiver avec la neige et Noël, le printemps avec le cerf-volant, et, à nouveau, l’été. Eternel recommencement des temps de  l’enfance, remplis de découvertes, de plaisirs variés et de douceur… Tout ceci culmine avec les promesses muettes échangées avec un amoureux un jour de fête d’été, comme une ouverture vers le futur. Le texte se veut une célébration des temps e l’enfance, de l’insouciance, du bonheur immédiat. On est tout à la fois dans l’intime et dans l’universel.

Mais l’album vaut aussi par son étonnante mise en page et les animations qui y sont proposées, à chaque double page. Une tirette… et voici les cerises qui rougissent. Une librairie, et voici un store à soulever, pour découvrir la devanture. Un fil tendu, et voici des fanions qui volettent. Un autre fil, et voici le cerf-volant qui s’envole à l’ouverture de la page.  A chaque page, sa surprise à découvrir, dans un graphisme très épuré et très coloré qui n’a rien de nostalgique, de figé, mais affirme la vie et le mouvement.

Un bel album animé pour dire la douceur des souvenirs d’enfance, dans ce qu’ils sont de minuscule et, quelque part, d’universel…