Imprégnation

Imprégnation
David Almond
Traduit (anglais) par Diane Ménard
Gallimard (Scripto), 2010

La question du Mal

par Anne-Marie Mercier

Se promenant avec son ami Max, un garçon paisible et normal, Liam rencontre un autre ami, Natrass, pas paisible du tout, obsédé par des jeux dangereux qui évoquent ceux d’un récent roman de David Almond, Le Jeu de la mort (voir la chronique de Li&Je). Dans la même promenade, Liam trouve un couteau et un bébé abandonné. Fasciné par l’un et l’autre, il ne voudra se séparer ni de l’un ni de l’autre et chacun l’entraînera dans des voies opposées, mais toutes pleines de dangers. Tout au long du roman, Liam oscille entre ses deux amis, entre deux façons de vivre ; de même il hésite entre le désir de préserver la vie et celui de donner la mort.

Avec le même art du suspens que dans Le Jeu de la mort, David Almond arrive à raconter une histoire prenante avec des personnages intéressants (le couple des parents de Liam, lui écrivain et elle artiste, dit quelque chose de ce qu’est la création pour cet auteur et de sa fonction et les montre aussi dans leurs activités quotidiennes), un cadre réaliste aussi bien sur le plan géographique (la campagne anglaise vers le mur d’Hadrien) que social (une famille heureuse, des enfants placés, les travailleurs sociaux qui s’en occupent, une famille d’accueil, la police locale et l’armée). Il y met en scène des questions politiques (la traque aux sans papiers), artistiques (peut-on faire de l’art à partir de l’horreur ?) et éthiques.

La même éternelle question revient encore : d’où vient cette fascination pour les spectacles morbides, cette attirance pour la violence et le sang ? Cette interrogation est posée à travers des événements rattachés à plusieurs moments de l’actualité contemporaine, les massacres du Liberia, les enfants soldats, le terrorisme islamique,   les images qui circulent sur internet. Elle est aussi portée par les adolescents du roman, violents contre eux-mêmes et entre eux, abandonnés par les adultes et terriblement désemparés.

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