Le Croqueur de lune

Gudule
Le Croqueur de lune

Mijade, 2011

« Ribaudes » et princesses font-elles des personnages de conte ?

par Dominique Perrin

Découvrir ou redécouvrir des contes de tous les pays est toujours prometteur de généreux plaisirs sensibles et intellectuels – plaisir de la fraîcheur et de la proximité, mais aussi plaisir de la réminiscence et de la réflexivité. Les contes rassemblés ici sont issus de continents et de pays fort variés, et ont en tant que tels des charmes très singuliers. Cependant, leur appropriation écrite par Gudule n’est sans doute pas à même d’emporter la conviction de tous les amateurs de contes, et des plus sensibles d’entre eux à leur valeur anthropologique de témoins d’une culture populaire radicalement différente de la culture lettrée dominante. Le sexisme bon teint (le plus souvent passives, les femmes sont souvent assimilables aux « âmes de geôlières » que les hommes redoutent en elles) et la condescendance sociale (la « ribaude » est opposée à la princesse avec une complaisance stylistique manifeste) ont ici la part fort belle. Ces deux caractéristiques récurrentes sont de nature à restreindre le plaisir annoncé, et ne s’accordent que mal avec la préface du recueil, placée sous l’égide de princesses sagaces, sensuelles et désirantes.

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