Malédiction du sang

Malédiction du sang
Celia Rees

Seuil, 2011

La Marie Curie de la « bit-lit »

par Christine Moulin

vampire,fantastique,celia rees,bit litCe roman se remarque d’abord par sa couverture, non pas par l’illustration, banale, mais par sa texture : lisse, douce au toucher, veloutée. Du noir tactile…

Mais comme un livre n’est pas fait uniquement pour être caressé, parlons du reste. L’auteur le fait assez bien elle-même, dans un passage « méta » plutôt ironique : « En 1878, on ne pondait pas encore à la chaîne romans et films d’épouvante ». En effet, nous avons affaire à un roman de vampires on ne peut plus classique, qui ressemble a priori aux « produits » qui s’empilent sur les tables des libraires. Cela se passe dans une vieille maison victorienne, sise à côté d’un cimetière plein de tombes délabrées. Tous les éléments de la légende sont là : peur de l’ail, du crucifix, absence de reflet, pieu, étrange beauté des hommes vampires, etc.

Mais ce qui fait l’originalité du roman, c’est que l’héroïne, Ellen, qui souffre d’une maladie de sang mystérieuse, monte au grenier de la maison de sa grand-mère, où elle trouve un vieux coffre, rempli de manuscrits : le journal d’une de ses ancêtres, qui s’appelait également Ellen. Bien sûr, au début du premier cahier, figure cet avertissement : « Ce livre appartient à Ellen Laidlaw, 1878. […] Malheur à celui qui y jettera les yeux ». Grâce à cette mise en abyme, l’on est sans cesse pris dans un jeu de miroirs (ce qui est un comble quand il s’agit de vampires !) entre l’histoire qui s’est déroulée au XIXe siècle, dont on sait très vite qu’elle a eu une issue heureuse (si bien que le suspens tient plutôt à la question : « Comment a-t-elle fait pour s’en sortir? ») et l’histoire qui se déroule de nos jours. Reflets, ressemblances sont alors intéressants à traquer. L’auteur1 a assez astucieusement résolu le problème de l’alternance entre narration en « je » (celle du journal) et narration en « elle » (celle de l’histoire cadre), ce qui anime le récit et le rend plus inquiétant.

Autre originalité : on sait aussi très vite que l’ancêtre en question a été médecin et qu’elle a contribué à la découverte du facteur rhésus.

Voilà donc un roman qui se lit d’une traite (on pourrait, si on était pointilleux, relever quelques invraisemblances mais basta !) et qui renouvelle, malgré les craintes que l’on peut nourrir au départ, le genre très encombré des histoires de vampire.

(1) à qui l’on doit Le Journal d’une sorcière. 

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