Petit fiston

Petit fiston
Elzbieta
Le Rouergue, 2013

Clown triste cherche amis

Par Anne-Marie Mercier

petitfistonIl y a beaucoup de vent et beaucoup de larmes dans cet album. Petit fiston est l’enfant du conte : il n’a plus de mère, elle a été remplacée par une autre qui lui veut du mal. Il est aussi l’enfant sur la route : pourchassé, pris entre terreurs réelles et imaginaires, il trouve un ami, perdu comme lui, un petit chien. Puis tous deux rencontrent un homme qui dort dans la rue ; c’est peut-être un ange.

Tout l’art d’Elzbieta est dans le « peut-être », dans la magie plaquée sur la dureté du réel. Comme dans Petit gris (où le héros et sa famille « attrapent » la pauvreté), l’espoir renaît au milieu de la noirceur afin de laisser entendre qu’il y a toujours une solution à tous les malheurs. Le costume de clown du héros, l’humour et la simplicité des décors confèrent à cette fable une dimension universelle et distanciée.
Les images accompagnent cette impression de précarité et de faiblesse et sont proches de l’esthétique de L’Ecuyère (qui finissait là où l’histoire de petit fiston commence : dans un cirque). Les personnages sont dessinés sur des petites bandes de papier chiffon coloré. En arrière plan, un paysage minimal et symbolique : nuit, arbres, ciel, plage… Parfois la page s’ouvre et prend le large : les bandes forment ensemble un paysage unique qui occupe toute la page, comme celle qui montre des oiseaux volant vers l’autre bout de la terre, au-delà de la mer, loin, mais « tout droit ».
Plonger dans le malheur et faire apercevoir une sortie, loin mais « tout droit », voila l’enfance de l’art d’Elzbieta.

 

 

 

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